Aujourd’hui dans Vitamine So, une reprise de Rachid Taha et son groupe Carte de séjour de « Douce France »
Ce matin, entendre des déclarations mielleuses de Manuel Valls à propos de son amour de la France te donne envie de jouer le fameux « Douce France ».
Oui, mais pas la version Charles Trenet, plutôt celle enregistrée 40 ans plus tard par Rachid Taha et son groupe Carte de Séjour. Parce qu’autant chez Trenet il y avait un petit côté la France des cartes postales et du formol, autant chez Taha on est là pour questionner l’identité française – même si ça chamboule certains.
On est en 1987, et la version du musicien va en effet faire débat et susciter controverse auprès d’un certain public pour qui le détournement du patrimoine français dans une version orientale n’est pas acceptable. Et c’est tant mieux – c’est exactement l’effet que veut produire Rachid Taha ; interroger sur la place des enfants d’immigrés dans la société française. Sur les droits de ces descendants de la colonisation française, leur légitimité politique, sociale et culturelle aussi. Ont-ils le droit de chanter Trenet, eux qui ont aussi des souvenirs d’enfance en France ?
La force de ce titre, c’est aussi de ne rien changer aux paroles de Trenet – seule l’instrumentation change. Il y a du oud, du derbouka et puis c’est tout. C’est tout mais c’est énorme. C’est en tout cas un pied de nez à l’époque à l’extrême-droite et aujourd’hui qui pourrait tout à fait s’adresser à Manuel Valls – qui semble n’aimer la France éternelle et figée que quand il sent que Barcelone lui tourne le dos, et qui a été – rappelons-le, Monsieur déchéance de nationalité.
En plus, se réveiller avec la voix éraillée et punk de Rachid Taha ça fait toujours du bien. Donc voici Carte de Séjour – et « Douce France » sur Nova.
Visuel © Pochette « 2 1/2 » de Carte de séjour