L’œuvre au noir de Christian Eudeline.
Oubliez le titre… Le continent Black Music est un fantasme d’éditeur ! Cette planète noire aux multiples ramifications, nous l’avons traqué à NOVA pendant 20 ans sans arriver à en faire le tour. Du continent africain lui-même, au Brésil, Caraïbes, Antilles, il y de quoi passer une vie, courant après les orishas voyageurs, ces dieux tutélaires expatriés dans les cales des navires d’esclaves.
Sans vous faire pleurer, ce livre d’information ne contient QUE des Américains ! Même si le business US a l’efficacité d’un tank, il n’est que l’arbre qui cache la forêt de toutes les autres plantes, sauvages, venimeuses ou guérisseuses, des Roots qui ont repoussé, même de l’autre côté du globe, grâce à leur puissance.
Il faudrait un autre livre pour cette face cachée, mais déterminante. Christian Eudeline (frère de Patrick) est un amateur de musique et de culture au sens noble. Un collectionneur sain avec lequel j’ai jadis raté une belle occasion de traiter le sujet dont il est sans doute un des rares connaisseurs : les surfers psychedelico sataniques… Ça ne rentrait pas dans le concept !
Il a aussi émissionné à NOVA et écrit pleins de livres sur des rockers-chanteurs. Les éditions Gründ viennent de lui permettre de réunir 100 albums de « BLACK MUSIC ». Le genre de disques que beaucoup aimeraient avoir, même les pochettes vides de certains artistes me satisferaient, tant je les trouve réussies et emblématiques.
Format 33 tours, pochette pleine page à droite, et à gauche, astuce : d’autres pochettes du même artiste et une grande page de texte afin de soulager les curieux ou les ignares. J’approuve tout ce qui est pédagogique, explicatif, détaillé sur la culture populaire, souvent malmenée ou bâclée. Vive ceux qui savent vraiment, et qui transmettent.
Ni Jazz, ni variété, ni Disco : juste de la SOUL et du RYTHM and BLUES... Ce que j’aime dans ce livre c’est de retrouver des oubliés comme Terence Trent d’Arby ou SADE, mais aussi de parcourir cinq décennies, des années 60 et moins jusqu’aux 2000 et plus. Les grands voyages panoramiques donnent la vue d’ensemble.
En plus les artistes afro américains ont souvent été au sommet des shows, revoir George Clinton, alias PARLIAMENT ou FUNKADELIC, lorsqu’il était peint en bleu comme Krishna me ravit (je l’ai vu en plein époque spatiale sur scène, puis à NOVA en Acid Punk…)
D’IKE à SLY, de TINA à BEYONCE, des TEMPTATIONS aux SUPREMES, l’auteur a l’air d’en savoir long (et je me demande toujours comment on fait ?) et s’il existe encore bien d’autres disques plus rares, cette sélection est déjà énorme.
Enfin, j’y retrouve une poignée de noms qui ont fait les beaux jours de RADIO NOVA : Bobby Womack, Erikah Badu, Fela Kuti, Gil Scott-Heron, Parliament, Raphael Saadiq, Neville Brother … Comme quoi nous avons tous des points communs, et c’est ce qu’on appelle notre BACKGROUND, nos racines.
En prime, des détails vestimentaires racontés qui me ravissent, ou encore des prix pour certains albums ou vinyls collectors, et aussi des explications sur les catégories musicales que beaucoup citent sans comprendre.
(* Et si Morris Day et son groupe The Time me manquent (Prince leur doit cher), il y a VIGON, notre Soul man franco marocain, ce qui rattrape en beauté.)
Vive la vulgarisation instructive !
Black Music, de la soul au R‘n’B, les 100 albums cultes, par Christian Eudeline. Éditions Gründ. 200 pages couleurs. 25 Euros.