Découvrez le son de la RDC, où la rumba légendaire est talonnée par une nouvelle génération d’artistes urbains et enrichie par la diaspora.
Franco, « La Rumba OK »
Le maître, le pionnier, le « sorcier de la guitare », « grand maître yorgho » : on commence avec l’un des pères de la rumba congolaise. La rumba est venue de Cuba dans des grands cargos transatlantiques et a trouvé au Congo une terre d’accueil, si bien que le genre est devenu le style « national ». On chante en lingala et non en français. Franco en est l’un des premiers promoteurs avec son orchestre le TP OK Jazz (Tout Puissant Orchestre Kinois Jazz).
Mbilia Bel, « Beyanga »
L’une des plus grandes voix du Congo, surnommée « l’impératrice de la musique congolaise ». Mbilia Bel a d’abord rencontré le succès dans les années 80 au sein de l’Afrisa International, le groupe monté par le grand Tabu Ley Rochereau, dont elle fut la compagne. Elle a connu ensuite une brillante carrière solo entre l’Afrique et Paris. Elle est depuis retournée à Brazzaville, où elle produit toujours de la musique. Ici, un de ses tubes de rumba paru en 1987, qui montre l’évolution du genre des années 50 à 80.
Tchico Tchicaya, « Operation Soukous »
La rumba, à un moment, a donné une variante devenue tout aussi célèbre : le « soukous », débarrassé de ses influences latines, plus rapide, plus africain. Outre Sam Mangwana ou Pamelo Mounk’a, on compte parmi les adeptes du genre Tchico Tchicaya, originaire de Pointe-Noire sur la côte Atlantique. Il rejoint un temps l’orchestre Les Bantous de la Capitale, puis va s’inspirer de l’afrobeat au Nigeria, avant de revenir en 1979 au pays, pour ce « Opération Soukous » parfait pour s’ambiancer.
Ray Lema, « N Dila »
Profil unique que celui de Ray Lema, formé comme pianiste classique, un temps directeur musical du Ballet National du Zaïre, joueur de rock, puis de jazz, produit un temps par Stewart Copeland de The Police… Il quitte le Congo pour Paris au début des années 80, où il rencontre… Jean-François Bizot qui aidera à financer son premier disque en 1983. S’ensuivent de nombreux métissages musicaux entre funk, jazz, électronique, faisant de lui l’un des architectes parisiens de cette sono mondiale chère à la Radio Nova des années 80.
Fulu Miziki, « Eza Nabarealité »
Après douze jours passés à prendre le pouls de la géante et vrombissante capitale congolaise, la Nova Book Box a achevé son voyage dans la cour d’une parcelle du quartier de Ngwaka, théâtre cosmique des répétitions du groupe Fulu Miziki, « la musique des poubelles », jouée sur du matériel de récup’ (pots de peinture, vieilles sandales, boîtes de tomate). Le groupe nous a offert deux morceaux live de leur disco des détritus. Le son du futur, qui ne manque pas de ressort(s), « venu d’une autre planète » clament-ils, vêtus de masques tribaux et de combinaisons spatiales.
Exclusivité Nova : un titre dont il n’existe aucun enregistrement studio, récupéré à la sueur de leur front par les aventuriers radiophoniques Richard Gaitet et Sulivan lors d’un voyage de la Nova Book Box à Kinshasa, en 2018.
Tabu Ley Rochereau, « Hafi Deo »
L’immense Tabu Ley a été chanteur, compositeur, politicien, on dit qu’il a composé plus de 300 chansons et a eu 86 enfants. Sa carrière montre l’évolution des tendances musicales congolaises sur plusieurs décennies, passant de la rumba au soukous et finalement vers la pop et le disco. Le morceau proto-horse « Hafi Deo », curieusement, a eu peu de succès à sa sortie dans les années 80, au moment du creux de sa carrière. C’est grâce au travail de réédition du label Soundway qu’il trouve aujourd’hui un succès international tardif.
Youssoupha, « Polaroid Experience«
Après le père, le fils. Youssoupha le dit lui-même sur ce morceau : « je suis le fils béni d’un héritage énorme, je suis le fils d’un génie, je suis le fils d’un homme ». Cet homme, c’était Tabu Ley. Né à Kinshasa, Youssoupha est arrivé en France à 10 ans pour finir par avoir la carrière de rappeur qu’on lui connaît. Sur ce titre paru il y a deux ans, il ajoute : « avant ils m’appelaient le fils de Tabu Ley, maintenant pour appeler Tabu Ley ils disent le père de Youssoupha ».
MPR, « Malembe »
« Musique Populaire pour la Révolution », c’est ce nom de ce nouveau groupe hip-hop de Kinshasa qui s’inspire du patrimoine zaïrois, soit la rumba et le soukous. Une couleur légèrement rétro pour une vitalité tout à fait contemporaine.
Lous & The Yakuza, « Amigo »
Parmi les enfants de la diaspora congolaise devenus des stars en France et en Belgique, il y a évidemment Damso, Youssoupha (sans citer Maître Gims ou Niska) mais aussi Lous & the Yakuza, cette jeune chanteuse et rappeuse qui est en train de conquérir le monde — et notre playlist.