Préparez-vous à vous faire avoir.
On rigole bien ces derniers temps. Récemment, on a pu ressusciter Joey de Friends, et discuter avec lui. Depuis peu, on peut faire sourire n’importe quelle célébrité avec Smile Vector. Ce logiciel scanne le web à la recherche de portraits, intègre la morphologie et le mouvement des expressions faciales. Il peut ensuite le reproduire sur n’importe quelle photo. Alors oui, ce sera peut-être votre seule chance de voir Kanye West sourire. Mais c’est aussi un peu inquiétant en ce qui concerne la confiance que l’on peut accorder aux images.
Au-delà de la rigolade, The Verge vient de pousser la réflexion un peu plus loin. Le pure player américain a interviewé Tom White, le créateur de Smile Vector. “Je pense que très peu de personnes en dehors du domaine des intelligences artificielles savaient qu’on pouvait faire ça”, explique-t-il, admettant volontiers que sa démarche est aussi une forme de provocation. Une manière détournée de tirer la sonnette d’alarme sur ce que peuvent désormais faire les AI.
AI + hoax = <3
Les fausses informations pullulent sur le web. Si bien que Facebook est en train d’expérimenter un nouveau système de fact-checking, en collaboration avec des acteurs extérieurs. Pendant la campagne présidentielle de Donald Trump, fact-checkers et médias traditionnels se sont trouvés impuissants devant la viralité des fausses informations mises en ligne par les soutiens du milliardaire. Sachant que le candidat lui-même n’accordait que peu d’importance à la véracité des faits qu’il énonçait.
L’information sur les réseaux sociaux passe de plus en plus par l’image, photos et vidéos deviennent virales. Les fact-checkers sont les derniers remparts contre les fake news quand chacun devient un relai d’information.
Dans cette optique, la perspective de pouvoir modifier un contenu aussi facilement s’avère inquiétante. Algorithmes et machine learning sont déjà capables de créer des visages en 3D à partir d’une image en 2D, de changer l’expression faciale voire le discours d’une personne dans une vidéo.
Jusqu’ici, on se rassurait avec “l’air faux” qu’ont en général les montages et doublages de vidéos. Mais les chercheurs s’accordent à dire que l’apparence de ces créations devrait rapidement s’améliorer, au vu des rapides progrès des AI. Jugez plutôt, avec Face2Face, qui rappelle étrangement Dans la peau de John Malkovich.
Comme le souligne The Verge, ce processus marionnettiste couplé avec un prototype récemment créé par Adobe qui permet de modifier une voix, permettrait de faire dire littéralement n’importe quoi à n’importe qui.
On sait très bien que vous aussi, vous vous êtes déjà demandé ce que vous feriez si vous pouviez contrôler Obama pendant une journée. Il faudrait beaucoup de naïveté pour penser que certains ne s’adonneraient pas à ce petit jeu en vidéo s’ils en avaient l’occasion.
Dans un contexte de méfiance grandissante envers les médias, une fausse vidéo est plus dommageable que jamais. À force de ne plus pouvoir distinguer une vraie image d’une fausse, on risque de finir par ne plus croire personne. Alors pour le bien de l’humanité, continuons plutôt de mettre ces nouvelles technologies à profit pour créer ce genre de petit bijou.
Visuel : (c) DR