Big Zuckerberg is watching you
“La magie de la présence”. Oui, le casque de réalité virtuelle Oculus Rift, s’apprête à rendre votre existence “magique”. Une “présence” comme vous n’en avez jamais connue, en immersion dans un espace virtuel. Et c’est la maison-mère, Facebook, qui régale.
Une autre présence n’est pas spécifiée. Celle du publicitaire de Facebook, assis sur votre canapé, qui peut désormais observer et utiliser tous les aspects de votre comportement, physique et psychologique.
Les trackers de mouvements font partie intégrante de cette nouvelle technologie qui permet, à l’aide d’un casque visuel et auditif, d’évoluer dans un espace totalement virtuel. Oculus Rift, comme ses congénères développés par Samsung ou Google, traque tous les mouvements corporels. Manuels, pour permettre la saisie d’objets virtuels, mais aussi les mouvements de la tête et des yeux, ce qui s‘avère un peu plus problématique, comme l’analyse The Intercept.
Collecte de données psychologiques
Combinée à la data collectée ailleurs sur le web (notamment sur Facebook), les données d’incarnation physique représentent une surveillance comme on n’en a jamais connu. Elles donnent aux entreprises et aux gouvernements une représentation plus vraie que nature de nos comportements et de nos émotions. Un tracking encore plus précis est en cours d’élaboration, et permettrait d’analyser les micro-expressions, les tensions musculaires du visage, afin d’affiner l’analyse des émotions à un instant précis, c’est à dire quasiment de nos pensées.
Cette collecte est évidemment vouée à “enrichir votre expérience”, selon Occulus Rift. On s’en doute, nos expériences ne seront pas les seules à s’enrichir de ces données ultra-intimes. Michael Madary et Thomas Metzinger ont rédigé cette année le premier Code de conduite éthique de la réalité virtuelle. Ils font remarquer que “les informations actuellement utilisées par les publicitaires pour cibler leur offre sont limitées aux périphériques que nous utilisons: le clavier, la souris, le tactile. (…) Les statistiques liées à la réalité virtuelle capturent beaucoup plus d’informations sur les habitudes et les intérêts des utilisateurs, et pourraient révéler bien plus largement ce qu’il se passe dans leur tête.”
Big Zuckerberg is watching you
Facebook collecte déjà depuis le début de l’année nos humeurs et nos goûts avec précision à l’aide des émojis qui ont remplacé le simple like. Et pour flipper encore un plus, on se rappelle de cette étude menée par Facebook sur la “contagion émotionnelle sur les réseaux sociaux”, qui prouvait qu’un fil d’actualité pouvait influencer l’humeur des utilisateurs. À l’issue de ce test, une data scientist avait déclaré anonymement : “Le but de ce que nous faisons est de changer les comportements humains à grande échelle. Nous pouvons désormais analyser les bons et les mauvais comportements, et développer des moyens de récompenser les bons et punir les mauvais”. Vous avez dit dictature ?
En attendant, Oculus Rift nie toute volonté de manipuler ses utilisateurs. Un sénateur américain inquiet a écrit une lettre ouverte à l’entreprise, en lui demandant si telle était sa volonté, il a reçu une réponse concise: “Non”.
Une répartie plus connue sous le nom de la méthode Clapper. Du nom de James Clapper, directeur du renseignement américain. En 2013, alors que le Sénat lui demandait, après les révélations Snowden, si la NSA collectait les données de centaines de millions d’Américains, il avait tout simplement répondu: “Non monsieur”. Mais il n’avait pas l’air très bien.
Visuels : (c) Pexels/DR