De Fairuz à issam Hajali en passant par Yasmine Hamdan, découvrez les musiques du Liban.
Ces derniers jours et malgré le contexte si particulier d’un pays qu’on adore tant sur Radio Nova, Isadora Dartial avait posé ses valises à Beyrouth, pour l’émission Autour de Nova. Beyrouth, une ville asphyxiée, mais toujours debout, où l’on a pu rencontrer les militants et artistes qui ont décidé que la création et l’action devaient l’emporter et ouvrir un cycle plus heureux pour le pays. L’occasion pour notre programmateur Michael Liot de ressortir des cartons de vinyles, des disques dur et des playlists numériques ces morceaux qui font résonner ce si beau pays.
Fairuz, « Saalouny EL Nas »
Fairuz est, avec Oum Kalthoum, l’autre reine de la chanson arabe. « Fairouz », ça veut dire turquoise, un surnom étincelant pour cette diva libanaise qui a conjugué musique traditionnelle du Moyen-Orient avec des influences d’ailleurs, notamment grâce à l’influence des frères Rahbani. C’est d’ailleurs Mansour Rahbani, à l’époque devenu son beau-frère, qui écrivait pour elle ce titre, en 1973. « Saalouny EL Nas » est l’une des chansons les plus populaires au Liban, aujourd’hui encore.
Elias Rahbani, « I think of you »
Architecte de la pop arabe moderne, Rahbani s’est d’abord illustré, avec ses frères Mansour et Assi, comme compositeur et arrangeur des plus grands, et notamment pour l’immense Fairouz. Il a écrit environ 6500 œuvres dont des opérettes, des musiques de films, des hymnes pour partis politiques, des jingles de pubs. Au milieu des années 70, Elias s’est aussi intéressé aux intersections entre funk et musiques traditionnelles du Levant sur une série d’albums, dont le culte Mosaic Of The Orient, paru en 1972 et sur lequel on trouve ce titre.
Yasmine Hamdan, « Douss »
Icône de la musique underground libanaise depuis Soapkills, le duo qu’elle a formé en 1997 avec le musicien Zeid Hamdan, et qui est aujourd’hui culte, Yasmine Hamdan est aussi, entre autres, compositrice de musique de films (comme le Only lovers left alive de Jim Jarmusch, dans lequel elle est aussi actrice). Elle a sorti trois albums solo dont le dernier Al Jamilat en 2017. De cet album est extrait cette jolie balade – à retrouver sur notre coffret Nova autour du monde.
Ziad Rahbani, « Khalas »
Le fils de Fairouz (et neveu d’Elias Rahbani) est, lui aussi (quelle famille !), considéré comme l’un des musiciens libanais les plus influents dans son pays natal. Ici, on écoute l’un de ses titres des années 80. Il signifie « ça suffit ».
Maii and Zeid, « Mourib »
Maii and Zeid, projet de Zeid Hamdan (moitié de Soapkills avec Yasmine Hamdan, et l’homme derrière le label Lebanese Underground) et de la chanteuse égyptienne Maii Waleed. Le morceau figure lui aussi sur notre coffret Nova autour du monde.
Issam Hajali, « Khobs »
Musicien issu de la diaspora libanaise débarqué à Paris dans les années 70 (une violente guerre civile, vous le savez sans doute, a gangréné le Liban de 1975 à 1990), membre du groupe pop Ferkat Al Ard, Issam Hajali était, à Beyrouth, quasiment oublié jusqu’à ce que le label berlinois Habibi Funk réédite sa musique. Bastien Stisi vous en parlait ici.
Ko Shin Moon, « Antelias »
Des Français qui explorent les sonorités « du Maghreb jusqu’aux confins de l’Asie« , Ko Shin Moon rend hommage à Elias Rahbani sur cet extrait de leur dernier EP paru en décembre. « Antelias » est le nom de la ville de naissance de Rahbani, à qui le duo emprunte ici le buzuq, soit un luth traditionnel du Levant, omniprésent dans la musique de Rahbani.
Zeid and the wings, « Balekeh »
Pilier de la musique pop libanaise depuis une vingtaine d’années, Zeid Hamdan s’est d’abord illustré au sein de Soapkills avec Yasmine Hamdan. Il a ensuite créé son propre label, Lebanese Undeground, et un collectif, Zeid and the Wings, qui regroupe pas mal de talents locaux.
Anoraak & Sarah Maison, « Rush »
Voici un extrait de la compilation For Beirut parue en novembre 2020. Un hommage à Beyrouth après la tragique explosion survenue cet automne, à l’initiative de quatre artistes : le DJ bruxellois Attari, le duo français CLAAP! et Yuksek. Il s’agit de titres inédits d’une trentaine d’artistes internationaux, « libanais ou amoureux du Liban« , parmi lesquels on trouve encore Breakbot, Rubin Steiner, Acid Arab, Liquid Liquid et The Spy From Cairo.
Hiba Mansouri, « Soulaima »
Née au Koweit, Hiba est l’une des figures de l’underground libanais. Abreuvée aux chansons de l’âge d’or arabe des années 50-60, l’artiste a attiré l’attention de Zeid Hamdan, qui l’a signée sur son propre label. Ce titre est paru en 2012.
Ibrahim Maalouf, « Hashish »
Instant jazz enfumé avec ce classique du trompettiste libanais si souvent passé chez Radio Nova (le matin, ou bien le soir), extrait de l’album culte Diasporas, paru en 2007.
Roger Fakhr, « Had to come back wet »
Redécouvert récemment à l’aune d’une compilation sur l’estimable label Habibi Funk, Rogér Fakhr partage le destin d’Issam Hajali. Deux Beyroutins expatriés à Paris dans les années 70 qui, l’un comme l’autre, y ont enregistré des chansons tombées dans les oubliettes de l’Histoire. Rogér, en l’occurrence, s’est ensuite envolé pour la Californie, où il a enregistré un album, Fine Anyway, pressé à 200 copies cassettes dans la fin des années 70. Ça sonne comme du James Taylor ou du Bobby Charles, c’est brut, c’est boisé.
Beirut, « Gianni Brezzo »
Il a un nom italien, mais Gianni Brezzo s’appelle en réalité Marvin Horsch et vient de Cologne. Il sortait il y a quelques mois un superbe EP nommé The Awakening, du jazz mêlé de hip hop. Il invite la chanteuse israélienne J. Lamotta sur cet hommage à la ville de Beyrouth.
Et pour plus de Beyrouth, jetez une oreille, ou même deux, ou à la limite jetez-vous tout entier tien dans le séjour d’Isadora Dartial dans la capitale libanaise, meurtrie bien sûr, mais toujours debout.