Et il est disponible en intégralité.
Depuis le mois d’avril 2014, le monde a perdu une créativité majeure dans le monde de la musique électronique, l’homme que l’on nommait, à l’instar de James Brown, le Godfather de la House.
Pour rappeler brièvement l’importance de cette figure pour la musique électronique, Frankie Knuckles nait dans le Bronx en 1955, au début des années 70. Il se tourne vers le DJing et est remarqué par celui qui deviendra un ami, Larry Levan, qui le fait beaucoup jouer à l’époque.
Du Bronx au Warehouse
Mais la grande histoire de Frankie s’inscrit en filigrane d’un club qui deviendra mythique comme le bastion de la House : le Warehouse, à Chicago. Frankie est le Dj associé au club lors de son ouverture et y joue les disques qu’il a toujours joués, de la soul et du R’n’B qui constituent les deux fondamentaux de la musique House. Mais le génie de Frankie Knuckles s’est trouvé dans sa capacité à faire évoluer la disco qui était devenue la mine d’or des labels, et dont l’offre était si importante qu’elle atteint un niveau de saturation avec des gimmicks de création sans renouvellement qui tuèrent le genre.
En 1979, tout le monde fait de la disco… et cette hégémonie est concomitante avec les premières réactions, souvent racistes et homophobes, anti-disco. 1979 marque l’apogée de campagnes anti-disco (« disco sucks ») comme l’autodafé du 12 juillet 1979 au Comiskey Park de Chicago ayant dégénéré en émeute. Un épisode symbole comme une revanche contre les femmes et les noirs dont le rôle était essentiel dans cette musique starifiée. On vous en parlait ici.
Autre cause de cette désaffection pour le disco, l’imposition de la nouvelle morale reaganienne qui imprègne tous les esprits… Dès 1980, la disco est déclarée cliniquement morte par l’ensemble de la presse. Plutôt qu’un renouvèlement total s’ouvre alors une période post-disco, et différents contre-mouvements voient le jour.
C’est à ce moment que le génie de Frankie Knuckles entre en jeu. Il commence à jouer des disques d’import obscurs et à rééditer des disques, en prolongeant notamment les breaks et les boucles mélodiques pour maintenir les dancefloors en transe.
Révolution musicale, révolution de format
« Alors que la disco mourrait, nous avons commencé à travailler avec des boîtes à rythme, et faire des édits de vieilles chansons, pour garder l’attention de la crowd, leur faire écouter des classiques de façon différentes, d’autres personnes y ont perçu un nouveau moyen de composer, ont repris le concept et l’on travaillé  ».
La révolution est musicale, et est aussi une rénovation de format : des morceaux de 8 à 10 minutes, très très loins des standards pop de l’époque. Dès lors le public, majoritairement gay et noir, devient fanatique de ce son que l’on joue là-bas, à la Warehouse, et qui deviendra la House music aujourd’hui jouée dans le monde entier.
En plus d’avoir créé le genre et sa signature sonore, Frankie Knuckles a aussi signé des classiques intemporels, Beyond The Mix en 1991, son premier hit, “Baby Wants To Ride”. Aujourd’hui un formidable documentaire retrace le parcours de cet homme et de cet incroyable mélomane. Il est disponible en intégralité ci-dessous.
Visuel : (c) DR