À Rennes, ce jeune musicien d’origine brésiliano-portugaise court-circuite les réseaux pour imaginer un tissu social planétairement déconnecté, où nous essaierons de retrouver dans le réel les habitudes prises avec Facebook, Twitter ou Tik Tok.
La jumelle de Rio de Janeiro. C’est ainsi que l’on surnomme parfois la ville de Niterói, située à quinze kilomètres à peine de la mégalopole carte-postalesque du Brésil. Plages, collines, lagunes, possible douceur de vivre : tout pareil en plus calme, avec quelques-unes des prouesses architecturales signées Oscar Niemeyer, dont un célèbre Musée d’art contemporain en forme d’énorme soucoupe volante posée au bord de l’Atlantique. Ce printemps pluvieux, Niterói inspire aussi le pseudonyme d’un musicien français d’origine brésiliano-portugaise, Tiago Ribeiro, rebaptisé Niteroy, qui depuis Rennes s’apprête à publier, à 24 ans, son premier mini-album solo, Dia de chuva, à paraître cette semaine via le label Yotanka.
« Cette ville est le symbole de mon enfance. C’est là que vit ma grand-mère, c’est là que ma mère a grandi, je m’y rends tous les ans », confie l’artiste. Né d’un père portugais et d’une mère brésilienne, Tiago Ribeiro s’émancipe ici de la pop anglophone de son groupe Born Idiot (toujours en activité) pour des chansons plus personnelles qui racontent « l’angoisse du passage à l’âge adulte », certains fantasmes féminins ou l’éloignement propre à ceux qui vivent coupés de leurs proches. Dans la vidéo d’Amores Nostalgia, constituée d’images tournées au caméscope, on le voit petit garçon, en vacances en famille à Niterói, baignant dans la lumière carioca avec une insouciance irrésistible. Sensations qui lui permirent de glisser un parasol de groove dans le mojito de sa bossa-nova lusophone aux chœurs enchanteurs – à boire sans modération, surtout les jours de pluie.
Pour L’Arche de Nova, ce chanteur, guitariste, bassiste et claviériste breton provoque le crash de tous les serveurs Internet à cause d’un frappuccino renversé par un agent d’entretien de la Silicon Valley, auquel il rend hommage en esquissant une chanson inédite – sans oublier au préalable d’imaginer la panique générale puis les détails d’une nouvelle société planétairement déconnectée, où nous essaierons de retrouver dans le réel les habitudes prises avec Facebook, Twitter ou Tik Tok. Tudo bem.
Réalisation : Mathieu Boudon.
Pour voir le clip d’Amores Nostalgia, c’est là :
Image : Effacer l’historique, de Gustave Kervern et Benoît Delépine (2020).