Ces gamins qui regardaient Stevie Wonder et Marvin Gaye dans les yeux.
Lorsque l’on parle de monstres de l’histoire de la pop music, comme le furent les Jackson 5, on peut imaginer que chaque dollar qui ait pu être fait sur la vache à lait a déjà été exploité de longue date.
On est aussi en droit de se méfier de ces rééditions à la pelle qui réveillent des fantômes dans une pornographie discographique consistant à dévoiler les masters, les démos, les pistes de travail d’artistes dont on veut exploiter les tréfonds du catalogue pour aller chercher dans les tréfonds des poches des fans.
Appréhension donc à la re-découverte (la compilation date de 2012 ) d’un travail historiographique de la Motown, qui a réédité des « perles rares » issues des chutes de studio des Jackson 5. Et puis délicieuse surprise à l’écoute des 32 morceaux de Jackson 5, Come and Get It: The Rare Pearls. Des morceaux datant de la période 1969-1974, enregistrés sous la houlette de Deke Richards, à qui est revenu la responsabilité de produire les Jackson 5 au moment de la migration de la Motown de Detroit vers Los Angeles.
L’ensemble de la compilation est construit chronologiquement. Du morceau d’ouverture We’re the music makers, on retient la candeur, tandis que l’on ressent la maturité s’installer au fur et à mesure des morceaux. Mais aussi des facettes musicales différentes, notamment avec l’explosion funk de Iddinit, de The Corporation, chanté en choeur plutôt qu’avec un véritable lead singer.
Comme beaucoup d’artistes de la Motown de cette époque, les reprises sont légion dans cette compilation, les Jackson 5 s’attaquant ainsi aux Supremes (You Can’t Hurry Love) ou aux Temptations (Since I Lost My Baby).
Enfin, au fur et à mesure que les années avancent, d’autres versants se dévoilent, parfois presque psych sur Love Trip par exemple, où l’on ressent de manière évidente les années qui défilent pour Michael. Et des ballades comme celle entonnée par Jermaine : Going My Way qui justifie l’idée que Michael n’était pas le seul aux commandes.
Les fans invétérés de la Motown reconnaitront des instrumentales utilisées par The Magic Disco Machine (le triptyque Jumbo Sam, Would Ya Would Ya Baby, Let’s Go Back to Day One) qui connaissent ici une version plus vivante.
Tout ces morceaux, jamais entendus avant 2012, font de cette compilation un disque qui ne parle pas qu’aux fans invétérés des frères Jackson, et offre un regard pertinent sur la cohérence et la longévité faramineuse de ces carrières. Des adolescents qui osaient jouer sur les terres des Marvin Gaye et autres Stevie Wonder… Quand même.
Visuel : (c) DR