À voir dès le 14 mars, Galerie Pierre-Alain Challier.
Charles Serruya fut un branché de la première heure, artiste raffiné et dandy accompli. Il a fait l’ouverture du Palace comme des Bains Douches, comme il avait fréquenté le Sept ou le Royal Mondétour. Il a eu des fiancées-égéries underground comme Djemilah ou Eva Ionesco, des amis comme Serge Kruger ou Maud Molyneux…
Renseignez-vous. Il est toujours resté d’une discrétion à la fois cool et détachée. Il est l’auteur de films, de nombreuses photos, puis de toutes sortes de travaux artistiques, comme des ombres chinoises , et des sculptures en fil de fer, tout un travail graphique et délicat, à base de rêve et d’évasion. La galerie Pierre Alain Challier a la bonne idée de l’exposer, car les gens comme Charles Serruya sont de plus en plus rares.
Si l’art paraît se généraliser, ce serait plutôt du côté des gros clichés éculés et certainement pas vers les esprits raffinés et à part. Il m’ a précisé qu’il « travaillait sur les jeux de lumières, et se sert de formes comme des mots, déroulant ses fils d’acier comme une araignée sa toile, jouant avec la captation, créant ainsi des dessins dans l’espace. Pour lui, le rêve est une réalité présente dans chaque être humain. » Bien dit.
À une époque de lourdeur et de commerce global, le travail de gens comme C.S. est un bain de luxe, de calme et de volupté. Loin des œuvres internationales trop grosses, massives, uniquement faites pour remplir de grands espaces inutiles et atteindre des prix idiots, réservés à des réseaux. Voici donc une exposition parisienne, avec un background culturel qui a traversé le glam comme le punk, observé disco et new wave, sans oublier Jean Cocteau, Erté ou Christian Bérard.
Charles Serruya. Galerie Pierre-Alain Challier. 8 rue Debelleyme, 75003. Du 14 mars au 8 avril.
Visuels : (c) Sculpture acier Pégase, acier 2m30 x1m 90 H / Tirage diasec sur alu 80 x120 cm