Voilà l’été comme chantaient les Négresses Vertes, voilà l’été avec quelques jours d’avance, c’est pourquoi ce matin je vais vous parler Gare, Gare à qui gare à quoi ? Non Gare St-Charles par exemple !
Prendre le train et partir c’est toujours quoiqu’il advienne, arriver quelque part au bout du voyage, un quelque-part qui, parfois, souvent a les traits noir-poussière d’une grande ville. Arriver au bout du voyage, c’est mettre un pied puis deux sur un quai, un pied parmi les pieds. C’est se glisser dans une foule, dense, pressée, qui avance d’un pas lent faute de mieux, qui trépigne et cherche à se faufiler, à gagner des places pour finir sur un hypothétique podium avant d’allumer un clop où des clopinettes.
Arriver au bout du voyage, c’est lever la tête au ciel à la recherche d’indice, de directions à prendre ou juste pour humer le nouvel air qui nous est offert. Arriver, c’est se confronter aux autres, aux autres arrivants et aux autres tout court aux allures de gorille. Ceux qui sont là, arrivé.es avant nous ou là depuis toujours. Ceux qui comme nous sont à cet instant, utilisateurs de la Gare, de la Gare et de ses environs. Ces autres-là, parlent parfois tout seuls, et psalmodient des vers que personne ne comprend. Ces autres-là ont des baluchons en guise de vie, des baluchons dans lequel ils entassent des bouts de leur vie, une couverture forcément de survie, deux photos, un bracelet aux perles de bois usées, des baluchons boite à souvenir. Et puis il y a les baluchons boite à espoirs, de ceux qui migrent, de ces migrants qui attendent dans une toile de tente, dans une toile d’entente comme une nappe à carreau fraternelle, qui attendent un moov’, un nouveau départ, vers plus loin encore.
La Gare, c’est aussi des kilomètres de kebab salade tomate oignon sans avec ou sans sauce blanche et une pointe de harissa. Ces bouibouis de rien font face quand la grande ville est une mégalopole, une de ces mégalopoles qui d’la racontent, à de grandes brasseries où le bois des tables et chaises se marient au zinc du comptoir, ces brasseries aux serveurs en livrées impeccables, noires et blanches comme les images d’un film d’antan.
J’aime ces gares, lieu de rencontres improbables aux pickpockets virtuoses, j’aime ces gares où l’on arrive et dont on ne repartira parfois jamais. J’aime ces gares à la tombée de la nuit quand les fleurs de tilleul embaument le coucher de soleil. Les vacances approchent, ton sac, ta valise t’attendent. Le compte à rebours est lancé et moi je reviens demain.