Faut-il voir dans le nom de ce spectacle un clin d’œil à l’album The Chronic, le magnum opus G-funk de Dr. Dre ? Peut-être bien. Car il est bien question de hip-hop ici. De danse hip-hop, de sa culture, du temps qui passe, aussi.
C’est à croire que les Chronic(s) se calquent, involontairement, sur d’incroyables bouleversements. Il y a vingt ans, le premier du nom se posait sur les planches sur fond de gravats – ceux du World Trade Center effondré. Le deuxième tombe lui pile dans l’ère Covid. Les trajectoires du Bordelais Hamid Ben Mahi (Cie Hors-Série) et de Michel Schweizer ont décidément le chic pour se croiser sur des bornes chronologiques bien marquées.
Indépendamment de cette remarque sur l’alignement des calendriers, ce Chronic(s) 2 est tout sauf du réchauffé, offrant un prolongement hybride aux réflexions de ses auteurs, sur scène, sur la scène. Entremêlant passages dansés et récits autobiographiques, questionnements personnels et résonances collectives, Chronic(s) 2 dresse une sorte de bilan d’étape : que s’est-il passé, en deux décennies, pour en arriver là ? Où ça, là ? Avec le breakdance aux JO, la street culture vendue au plus offrant, les crises qui brutalisent la société, les rides qui se creusent, les articulations qui grincent, l’ouvrage à remettre sur le métier, l’importance de la transmission. Et, au milieu de tout ça, l’envie de continuer à pratiquer son art, coûte que coûte, de la manière la plus intègre et la plus intense possible.
Pendant près d’une heure, sur la scène du Carré-Colonnes, Hamid Ben Mahi dévoile l’étendue de son expérience, de danseur, d’homme, lors de ce solo faisant dialoguer performance et témoignage. Les artistes ouvriront d’ailleurs, ensuite, le dialogue en bord de scène, pour mieux ponctuer, augmenter, argumenter ce spectacle en ligne de suites et aux multiples focales, au timbre serein mais combatif, contributif, auquel Nova Bordeaux vous offre des billets. Pour tenter votre chance, ça se passe ICI, LÀ, EN CLIQUANT SUR CES MOTS SOULIGNÉS.