Après le commissariat Castéja, après la cour du Crédit Municipal, c’est sur le gigantesque parvis des Archives métropolitaines que le label bordelais Banzaï Lab édifie son ter-ter éphémère, hisse fièrement à la hampe son étamine frappée d’un logo rond comme un vinyle. Le nom de ce fief utopique, toutes frontières ouvertes, dont le moindre centimètre-carré porte l’empreinte des intentions conviviales du lieu ? Banzaï Land, quatrième apparition.
Pour toute devise, cette promesse, simple et louable : être un îlot à ciel ouvert, entre festival à la coule et pays partagé où les bonnes intentions font le larron et la larronesse de bon aloi. Qui pour un ping-pong, une partie de fléchettes ou un coup au bar ? Je m’en doutais : beaucoup de volontaires … Des coudes qui se lèvent, des sourires qui s’élargissent, et tout ça avec des frais de douane qui s’adaptent à l’épaisseur de votre porte-fifrelin (comprenez que l’entrée est à prix libre) : voilà une bienheureuse semaine en perspective – en croisant les doigts pour que le météo tienne ses nuages.
Surtout que les oreilles auront également de quoi s’égayer, grâce à l’intervention des protégés du label, qui seront bien évidemment de la partie, et pas pour trier les lentilles – fussent-elles de lecture. Au programme : des lives et des DJ-sets, majoritairement orientés hip-hop, dub et beatmaking, dans la droite ligne de l’esprit et des productions de la maison. La singularité rap de Senbeï, les inclinaisons voyageuses de Jean Du Voyage, la MC lilloise Eesah Yasuke, dernière signature de Banzaï Lab, et bien d’autres encore, dont quelques invité.e.s à l’identité pour l’heure tenue secrète : la troupe est nombreuse, nourrie au son, fibre haut dB garantie.
Sans oublier, au milieu des riddims, des curiosités sonores et des seize enquillés comme à la parade, au milieu de la scéno agencée sur mesure par le collectif Cancan, la découverte des Caravanes Graphiques, le nouveau projet commun développé par le photographe Pierre « Wunderstudio » Wetzel et le plasticien protéiforme Jonas Laclasse.
Après quoi, il ne reste plus qu’à s’exclamer, à la manière d’un glorieux ancien grolandais de la Radio Nova (souvenez-vous : « Décalé », « Ok Ok Super », …) : « Banzaï ! »