On vous l’avait annoncé, en pointillés, au moment de faire l’article de la saison culturelle Ressources : le collectif L’Orangeade avait plus d’un tour en réserve. Après avoir ouvert un musée éphémère de la fête, rive gauche de la Garonne, il entreprend désormais de poser son havresac, ses platines et ses amplis sur la rive droite bordelaise.
Pour prendre la clef des champs, reprendre à la clef des chants, le Quai Deschamps sera le spot tout indiqué. C’était l’emplacement du Pavillon d’Été ; c’est aujourd’hui celui de Sacré Boucan, qui s’inscrit dans l’héritage de son prédécesseur. Les points fondamentaux seront respectés : entrée gratuite, boissons fraiches et de quoi becqueter à la coule, les pieds dans l’herbe, la brise venue du fleuve tout proche quand flamboient les ultimes lumières du jour, de la compagnie sympathique, des musiques ondoyantes et une galerie d’invité.e.s trié.e.s sur le volet, aussi bien derrière les Technics que pour des concerts qu’on va se faire un petit plaisir de passer en revue, pour se hyper plus encore à l’idée de les entendre tout bientôt.
Entrez donc !
Le jeudi, c’est le combo polymorphe L’Éclair qui étrennera les lieux avec leur personnel conséquent. Pas autant qu’une équipe de football, certes, mais comptez sur ces Genevois.es. pour plier l’affaire bien avant les tirs de but ; ça fera toujours quelques cauchemars de moins pour Mbappé. On le sait bien ici-même : ces musiciens fulgurants sont des spécialistes d’un jazz-funk qui ne laisse désarçonner par aucun tempo ; une confédération du groove instrumental nourri à une scintillante blédine 70s, mitonné selon les recettes de Tim Maïa, de Can ou de Kiki Gyan. Pas question, donc, de faire une croix dessus.
Idem pour Playin 4 The City, qui seront de la partie le lendemain. Qui donc, vous dites ? Des vétérans de la scène deep house hexagonale ; une dance music diablement bien foutue qui laisse les bandes enregistrées au placard. Jouée, remodelée formule live band, avec un saxophoniste et une chanteuse, la house garage d’Olivier Portal (fils du free-jazzeux bayonnais Michel Portal) et de ses acolytes saura – le pronostic est à peu près sûr – toucher au cœur, à la tête et aux jambes, bref, partout où c’est nécessaire.
Samedi, si vous croyez que le Corcovado s’est transbahuté jusque sous nos latitudes, ce ne sera pas forcément une erreur. A la source de cet hallucination, on retrouvera les finesses synthétiques, le joga bonito de PPJ, anciennement connu.e.s sous le nom de Paula Povoa & Jerge. Un jeune trio franco-brésilien, né pendant le premier confinement et qui a déjà fait les belles heures de nos playlists avec leur premier maxi dans les sillons duquel on retrouvait – vous l’avez encore sans doute en tête – « Primavera », ce single remixé récemment par Anna Prior (Metronomy), Myd ou l’ex Stereolab Hologram Teen ; mais rien ne vaut l’originale, primesautière, insouciante, inusable. Un deuxième maxi, Sonho EP, est sur les rails (voyez le single, tchou tchou, pardon « Txu Txu »), prévu pour début octobre chez Moshi Moshi ; l’occasion d’en découvrir la teneur en avant-première.
Et enfin, pour conclure ces quatre soirées de réjouissances et de célébration de la musique live et club, L’Orangeade est allé chercher un « saint-guindouleur » autoproclamé : le local de l’épate Insomni Club, clippeur arty-farfelu qui fera l’étalage de ses créations sonores, grâce à ses chansons synthétiques et ses concepts potaches rodés, notamment, au gré de ses apparitions en première partie de Flavien Berger ou de son confrère Miel de Montagne.
Et avec tout ceci, une orangeade ? Oh que oui, et on n’attend plus que vous pour trinquer à la santé du Boucan !