Bienvenue dans la plus grosse fête de village française.
Le 2, 3 et 4 juin, c’est la fête à Lourmarin, à quelques kilomètres d’Aix-en-Provence. 3 jours de fête totale dans le village. C’est le Festival Yeah!
Le Festival Yeah!, c’est le pays du Chill, où l’on n’écoute que du bon son devant un chateau classé patrimoine historique. Festival à la cool co-fondé par Laurent Garnier, Nicolas Galina et Arthur Durigon, qui s’occupent chacun d’un bout de la programmation.
Cette année on y croisera entre autres Philippe Katerine, un autre fou français génial (Jacques) , mais aussi le batteur de Tame Impala (Julien Barbagallo) en solo, les Perpignanais de The Limiñanas & les Américains !!!
Et puis : l’un des derniers nés de Born Bad Record, Usé, et puis BRNS, Vox Low, et comme toujours Moustic – Jules-Edouard de son prénom – grand fidèle du festival.
D’ailleurs ce festival, tout le monde y reste fidèle. Il semblerait qu’on y pose pas un orteil sans que le corps entier suive inévitablement et pour plusieurs années.
Quand on écoute ceux qui y travaillent, on comprend pourquoi :
R.A.F, Community Manager
D’abord simple festivalier qui avait la fâcheuse habitude de slammer sur le public en continu, il est cette année le Community Manager du festival. Il y mixe aussi et c’est probablement son meilleur ambassadeur.
Comment es-tu devenu CM du Yeah! ?
J’ai tout simplement répondu à l’annonce qu’avait postée un copain. Et quand j’ai rencontré Nicolas et Arthur les boss du festival, Nicolas m’a dit : « Mais on se connaît non ? » J’ai dit « Oui, oui peut-être un peu« , et là il s’est souvenu : « Si, je te connais, je t’ai dégagé de la scène la première année du festival« . Et oui c’est vrai, à la première édition, j’ai slammé une fois, deux fois, trois fois, quatre fois. Au bout de quatre fois, ils m’ont dit, ça suffit maintenant, et m’ont sorti de scène, mais je suis remonté, ils m’ont ressorti.
Mais ce qui est drôle, c’est que dans les vidéos du premier festival, on voit Laurent Garnier qui parle de moi en disant : « Il nous faut des types comme ça, des mecs tarés qui montent sur scène et se font virer, c’est l’âme du Yeah! » Finalement je crois que je rentre bien dans leurs cases.
Comment tu le présenterais toi le festival ?
Je ne sais plus qui a dit que c’était la plus grosse fête de village de France, mais c’est exactement ça avec tout ce que ça comporte de drôlerie, de zéro prise de tête, de gens sympas. Et au-delà des concerts, c’est aussi vraiment une fête de village, parce qu’il est tout entier mis à contribution : ça se passe dans l’église, dans les caves du château, L’école, sur le terrain de boule, le terrain de tennis pour la compet’ de Air Dj, les places du village sont prises d’assaut avec des concerts gratuits (d’ailleurs note de la journaliste : il mixe lui-même place des bars vendredi 2 juin). Pour les enfants il y a des ateliers d’éveil, de musique, bref, tout le village est super-impliqué.
Est-ce que tu as une image qui te reste en tête ?
Oh bah pleins, j’ai le souvenir par exemple d’un espèce de pogo où Luz, est en train de griffonner sur la place du village sur son petit carnet à dessin pendant que Moustic mixe et qui reste comme ça, impassible, alors qu’une espèce de chenille commence à se former tout autour de lui. Tout à coup il commence à pleuvoir deux ou trois gouttes, et tout le monde se met à tendre son pastis vers le ciel, pendant ce temps-là, Luz dessine toujours.
Je revois aussi Laurent Garnier avec une perruque Chris Waddle en train de jouer au foot avec des gamins de 8 ans qui se sont révelés beaucoup plus fort que la bande d’adultes un tout petit peu avinés en face d’eux. Ils ont fait un score phénoménal, genre 8-0
Ou alors encore Étienne Jaumet de Zombie Zombie, qui après son concert, est resté, et avec qui j’au pu faire une pétanque le lendemain.
Bref, je pourrais encore en raconter plein des trucs comme ça.
En 2016, Chassol avait aussi l’air de bien se marrer
Tu as fait des rencontres ?
Disons que de toute façon, il y a une proximité avec les gens qui est assez exceptionnelle. Arnaud Rebotini par exemple, je l’ai croisé dans d’autres festivals mais là j’étais vraiment étonné de comment il était accessible avec son fils et sa femme. Ils sont comme à la maison. C’est comme Baxter Dury qui a été programmé une année et qui revient l’année suivante en louant une baraque à côté. C’est un peu la colonie de vacances, d’une année sur l’autre on se revoit.
Est-ce qu’il y a des concerts que tu as hâte de voir cette année ?
Usé ! Je l’ai vu au Born Bad Festival, c’était génial. Et là il est programmé sur un créneau marrant, genre le dimanche à 20h. J’ai vraiment très très hâte de voir ce que ça donne, un type comme Usé, complètement fou derrière sa batterie, qui tape dessus comme un cinglé, à 20h le dimanche, devant un public un peu crevé après trois jours de fête. J’ai hâte de le voir taper comme un démon, et du clash que ça peut être, ça risque d’être fabuleux.
ARTHUR DURIGON, co-fondateur du festival YEAH!
Comment il est né ce festival fête de village ?
L’idée venait un peu de nulle part. En fait des potes en commun nous ont organisé une sorte de Blind Date amical avec Nicolas Galina, l’autre co-fondateur avec Laurent Garnier. Ils nous avaient juste dit vous devriez vous rencontrer. C’était vraiment un rendez-vous arrangé, on a bu une pinte dans un bar de gare de l’Est dont je me rappelle plus. Moi j’avais une petite salle de concerts dans un bled pas loin de Lourmarin, où il y a un beau château et en en parlant avec pas mal de copains musiciens, on a eu l’idée vraiment sans prétention, de faire une grosse soirée musicale entre amis. Voilà, ça a donné une première édition assez jolie au final.
Est-ce que tu as des souvenirs liés à cette première édition ?
On n’avait pas du tout de scène couverte, ni quoi que ce soit pour se protéger de la pluie, et le ciel était de plus en plus menaçant alors Jeannette, la propriétaire du chateau nous a dit, avec son accent anglais : « Pas de problèmes mes amis, Albert Camus (qui s’était acheté une maison à Lourmarin avec l’argent du prix Nobel), pour conjurer le sort, il mettait une rose sur scène chaque fois qu’il se produisait et il n’a jamais plu. » On a mis une rose sur scène, il n’a pas plu, on était très content. Depuis on met une rose à chaque fois.
Est-ce qu’il vous est déjà arrivé une galère qui s’est finalement bien terminée ?
Il y a eu le Live de La Colonie de Vcances (Le SuperGroupe composé de Papier Tigre, Electric Electric, Pneu et Marvin). C’était un gros pari. C’est en quadriphonie, donc il faut quatre scènes et on était une toute petite équipe. On a dû démonter toute la scène le samedi soir après les concerts pour en remonter quatre dans la nuit et c’est vrai qu’on s’est un peu tous détesté d’avoir prévu ça : on a fini de monter les scènes à 9h du mat, et le groupe est arrivé à 10h.
Mais quand on a vu le concert, qui était vraiment dément, et les gens super heureux, on a rien regretté. C’est resté dans nos têtes en mode « plus jamais ça, mais on a vraiment bien fait« .
Monter quatre scènes en une nuit pour la Colonie de Vacances, plus jamais ça.
Est-ce que tu as découvert des groupes en créant la prog du festival ?
On est trois programmateurs, chacun ramène un peu ses idées. C’est un gros pot pourri au final, et moi je me suis un peu donné le rôle de prendre le contre-pied de ce que Nicolas et Laurent proposent, un contre-pied même esthétique. Je fouille des trucs un peu plus bizarres. L’année dernière, j’ai programmé un groupe que j’avais jamais vu en concert, seulement en vidéo. Ils m’intriguaient pas mal mais je pensais pas que ce serait aussi bien : deux boules vanilles.
Deux batteurs qui ont trituré la peau et les cymbales de leurs batteries, ils y ont mis des capteurs, ce qui fait qu’à chaque fois qu’ils tapent, ça donne deux sons : celui de l’impact et un autre son plus électronique. Ils jouent beaucoup là-dessus, c’est assez tribal et hyper mélodique en même temps. Ça donne un truc un peu chamanique. C’était hyper surprenant comme projet, on a pris une belle claque.
Deux boules vanilles au Yeah! filmé par Culture Box
Qu’est-ce qui te rend curieux dans la prog de cette année ?
J’ai très envie de voir Jacques, que je n’ai encore vu sur scène, j’ai bien hâte de voir ce que ça donne.
Et puis on a une fanfare d’Hambourg, la fanfare Meute, qui ne reprend que des titres techno électro. Et je pense que ça en clôture du festival, ça peut être un truc assez dément.
La fanfare Meute donc
Est-ce qu’il y a des rencontres que tu as faites grâce au festival ?
C’est vraiment très familial le Yeah!, on rencontre beaucoup les festivaliers qui reviennent chaque année, ça devient une vraie petite bande. Même avec nos partenaires, ça reste de la franche rigolade, on se fait même des week-end avec nos partenaires bière et vin.
Yeah !
Crédit photo : Cauboyz + RCA Factory