Une expo rend hommage à l’illustrateur et bédéiste.
Jean-François Duval, qui devient Placid dès qu’il s’avère nécessaire d’utiliser un pseudo, est exposé Galerie Corinne Bonnet, jusqu’au 10 juin prochain. « Placid – Scènes pittoresques » : c’est le nom de la première expo personnelle de ce peintre, illustrateur (Le Journal de Placid et Muzo, Hara-Kiri, Charlie Hebdo…) et auteur de bande dessinée (Le livre qui sent le caca, Rien, Les Requins Marteaux, 2006, 2007, J’y étais…), qui en parle à Jean Rouzaud, de ce petit événement auquel va falloir se rendre assez rapidement.
Pourquoi je dessine – réponse à demande de Jean Rouzaud qui m’intime de produire une « déclaration d’intention ».
Je dessine depuis au moins 50 ans (c’est-à-dire depuis ma prime enfance) sans interruption et avec une foi constante dans cette nécessité où je suis de produire des dessins. « Les images c’est ma vie », pour reprendre un slogan du début du groupe Bazooka, qui est 100 % vrai en ce qui me concerne.
Les images dessinées et le commerce que j’entretiens avec elles (en tant que producteur et regarder compulsif) sont donc vitales pour moi. Dans « dessin » au sens large, j’englobe la peinture, en tant qu’« image produite à la main » et aujourd’hui tout aussi aisément reproductible que d’autres images plus simples au trait. Par contre j’exclus la photographie. La photographie est très inférieure au dessin, les images produites avec cette technique sont pauvres – peut-être une fois sur un million prennent-elles un intérêt par une concordance ponctuelle entre contexte et sujet (document).
Le dessin est une technique de production d’œuvre lorsque des circonstances le sacralisent, mais il est surtout un mode d’expression universel, sachant se passer de la dimension babélienne des diverses langues. Par le moindre dessin on apprend énormément sur le le sujet traité, mais aussi sur la psychologie du dessinateur et souvent sur tout un contexte sociétal dans lequel il a été produit. Le dessin (+peinture) est le moyen le plus simple et le plus riche d’échange et d’expression entre les hommes.
Ce moyen d’expression simplissime est visé aujourd’hui par les coups de boutoir de l’internet qui veut imposer l’audio-visuel (vidéo) comme standard d’échange et communication. Quelle pitié ! quelle pauvreté ! et c’est compliqué ! et ça coûte cher ! et ça prend du temps ! et ça nécessite des hangars à disques dur partout dans le monde ! horreur ! saloperie ! il est du devoir de tout un chacun de lutter contre ceci en dessinant !
Je m’applique donc à dessiner et à peindre car c’est une nécessité intérieure et un devoir vis-à-vis de toute la société humaine, un acte de résistance dirais-je.
Cette exposition « Scènes pittoresque » est un des développements de mon travail, une variante : l’exploration d’une technique traditionnelle (peinture à l’huile), après avoir exploré précédemment des centaines d’autres techniques, des plus contemporaines (stylo-bille, feutres fluo) aux plus traditionnelles. Cette exploration de techniques diverses me permet d’être toujours un débutant, car je ne sais jamais comment ça marche, en essayant à chaque fois d’aborder le thème le plus universel, c’est à dire le monde qui m’entoure au plus près (c’est à dire le thème le plus local aussi).
C’est le seul moyen de rester vivant et de n’être pas macronisé.
Placid – Scènes pittoresques, Huiles sur toile 2015-2017, Galerie Corinne Bonnet – 63 rue Daguerre, Paris 14 – du 12 mai au 10 juin 2017. Ouvert du mardi au vendredi de 14h à 19h, samedi de 15h à 19h et sur rendez-vous.
Visuels
Placid, Les jeunes – huile sur toile, 2017
Placid, La Joconde – huile sur toile, 2017
Placid, Bagnolet avenue Gambetta – feutre, 2016
Placid, Rue Keller – fusain 32x41cm, 2004
Placid, Le message – Alkyde sur toile, 2015
Placid, Le métro – huile sur toile, 2016