Son nouvel album est sorti chez Tricatel, son label.
Le musicien français Bertrand Burgalat, pyrénéen égaré à Paris, vient de sortir sont 12e album perso, dernier né de la galaxie de son label Tricatel.
École buissonnière
19 plages musicales : cool, lounge, classique, instrumental, chanté ou parlé… Une dérive de musique qui ressemble quand même à l’école buissonnière de cet « Enfant sur la banquette arrière » (titre d’une des chansons de l’album), que nous avons tous été un jour, dans la voiture des parents…Quant à Bertrand, éternel garçon inclassable, amateur de boxe, de sapes et de sons, il continue son chemin de curieux, d’amateur doué, entre poésie et clubbing, et tant mieux si certains s’interrogent !
« Si vous comprenez une expression artistique tout de suite, c’est qu’elle n’est pas nouvelle », disent les avant-gardistes lucides (je n’inclue pas les conceptuels abscons, ni les minimalistes escrocs !)
Par contre, si vous ne comprenez pas un tableau, un disque ou une théorie au premier contact, c’est bon…. insistez et justement, vous avez une chance d’ouvrir une nouvelle porte : air frais.
C’est toute l’histoire de Bertrand, musicien expérimenté : concerts, musiques de films, pop songs, sonorités de xhill out, moments de détente, comme une Bossa Nova européenne. Oui, pourquoi forcer, choisir ou même se plier aux diktats d’une époque ou même d’une mode ?
À l’écart
Intéressé par beaucoup de choses, souple et planant, Bertrand Burgalat est un artiste à part, à l’écart, et pourtant têtu, à mon avis, sur le fait de ne pas choisir la voie rapide, évidente, des grosses cylindrées, flashées au radar.
ll roule sur une voiture vintage (comme quand j’avais ma Karman Ghia de couleur bordeaux qui faisait un bruit de canot à moteur sur une carrosserie de course, et qui a fini en héroïne de BD dans les mains d’autres esthètes…
C’est un peu comme mettre des chaussures à bouts carrés, quand la mode hurle sportswear, ou encore faire de la gravure sur linoléum à l’heure du virtuel. Les plus grands progrès artistiques sont venus la plupart du temps de surprises totales, et complètement en dehors des codes. Car comment y aurait-il bonheur sans liberté, joie sans absence de calcul, honnêteté captive du marché ?
Je pourrais énumérer les citations, influences musicales, la culture de fonds de catalogue, réservés aux connaisseurs, et tout le bouquet d’influences que chaque créateur traîne avec lui, qu’il le souhaite ou pas, mais dans ce cas, justement, quelque chose d’autre apparait, que je n’ai pas envie de nommer mais qui agit comme un baume réconfortant.
Les plages de sons de Burgalat sont comme les vagues : elles viennent de loin, mais elles semblent ne jamais mourir.
Bertrand Burgalat. Les choses qu’on ne peut dire à personne. CD 19 titres, Tricatel, album 52. 67 min.
Visuel : (c) Serge Leblont, Guillaume Pinard