À peine éteints les écrans et les projecteurs d’un très prenant Musical Écran, les ami.e.s de l’asso Bordeaux Rock double la mise avec le retour de son festival homonyme. Une 17e édition reportée de janvier à septembre du fait de la pandémie, mais qui ne varie pas d’un iota, d’un omega ou d’un epsilon par rapport à ses visées initiales. Affiche, artistes, ambiance : le triple A garde une dégaine similaire à sa silhouette de l’hiver dernier. Laquelle, au fait ? Détaillons ça d’un peu plus près – mais faites gaffe quand même à ce que votre nez ne s’écrase pas sur la vitre, ou vous me nettoierez ça à la lingette désinfectante.
Indiscutable tête d’affiche de ce Bordeaux Rock cuvée 2021, Christophe Chassol offrira plus qu’un lot de consolation aux infortuné.e.s n’ayant pu, pour des raisons diverses (covid, budget ric-rac, papiers perdus, etc.), changer d’air cet été. Direction l’Inde, Bénarès, Calcutta, où le diplômé de Berklee College, chef d’orchestre puis arrangeur pop (Phoenix, Tellier, une flopée de B.O) et grand maître des jeux, a posé ses caméras et ses instruments en 2013. Un voyage qui a fourni la matière d’Indiamore, l’une de ses premières harmonisations du réel, ses ultrascores qui s’inscrivent dans la lignée d’un Hermeto Pascoal.
Tant qu’on en est à évoquer Chassol, notons aussi, on le souligne peu, le rôle essentiel et le parcours peu orthodoxe de son acolyte batteur Matthieu Edward, belle gueule RnB passée par la Star Ac, les duos avec Sheryfa Luna sur NRJ ou les Anges de la Téléréalité. Ce qui les réunit avec Chassol ? Un goût pour Magma et le hip-hop, des racines martiniquaises et une complicité quasi télépathique sur scène, connexion fort utile pour faire rebondir le groove sur les images projetées sur l’immense écran qui les surplombe et complètent leur dispositif spectaculaire.
Autour de ce voyage aux Indes s’articulera une programmation faisant la part belle aux artistes locaux, dans des registres aussi variés que détonnants : l’indie-pop pépiante, originale et hors-carcans de Sahara, qui aime à se définir comme un « Royaume » cosmopolite, le rap rocailleux et bille-en-tête d’Astaffort Mods ou la synthpop arty-gothique de Venus Berry.
Tout à ce tour d’horizon local, n’oublions pas l’autre pièce rapportée dont on guettera d’un oeil curieux la prestation, les « vices et vers sales » (joli titre de Libé) : le Québécois Bernardino Femminielli, crooner italo aux invitations à double lecture, mi-suave, mi-provoc, qu’on pourrait rapprocher – bien que comparaison ne soit pas souvent raison – d’une rencontre d’arrière-tripot, sous quelques néons 80s, entre Sébastien Tellier et Tony Clifton (l’alter ego à la beauferie sans-gêne d’Andy Kaufman, pour celleux qui n’auraient pas vu Man on the Moon).
Mais aussi Didier Wampas en fantasque configuration piano-voix, une rencontre à Total Heaven avec le journaliste Francis Dordor autour de son ouvrage salutaire Disquaires, une histoire (GM Éditions), du Yellow Magic Orchestra rejoué au clavecin (le Yellow Magic Harpischord d’Antoine Souchav’) pour mieux entremêler les lignes et les formes trop nettes, … Comme le disait Danton avant de perdre la tête : de l’audace, encore de l’audace et patron, resservez-moi la même chose mais différemment s’il vous plait.
Alors, sauf à vouloir discuter phénoménologie avec une tête nucléaire, voilà un beau moment à passer avec les camarades bordorockeux.ses, qui ont encore de la moelle dans les rotules. Surtout si j’ajoute que pour les trois soirées prévues à la Salle du Grand Parc, ce sera +1 pour tout le monde : un billet acheté, un billet offert – si vous faites partie des cent premier.e.s à profiter de l’aubaine.
Je n’ai rien oublié, me semble-t-il … Ah, si ! Bon sang mais bien sûr : le Nova Aime ! Car Nova Bordeaux vous offre des places pour ce Bordeaux Rock #17 ; si vous voulez taquiner votre chance, ÇA SE PASSE PAR LÀ.