Comment Mehdi se sent enfin libre de créer ce qu’il veut, comme il veut.
Quand son album solo ‘Lucky Boy’ sort en 2006 sur Ed Banger, DJ Mehdi a déjà une aura à l’internationale. La BBC ou Pitchfork chroniquent son disque. Mais à chaque fois, ils le présentent comme un ‘debut album’, et acclament son créateur fort prometteur.
Ils ignorent tout du passé de Mehdi. Ils n’ont aucune idée de qui est Fabe, Diam’s ou Booba, de l’importance de la Mafia K1 Fry, ou de ces deux décennies de rap français qui ont été façonnées par leur “jeune découverte”. Ils ne savent même pas qu’il a sorti un premier disque 4 ans avant – (The Story of) Espion – passé relativement inaperçu. Mais Mehdi lui ne s’offusque pas de cette réécriture du passé – au contraire. Parfois, il le mentionne en interview, par exemple quand on lui demande comment il connaît le DJ A-Trak.
À d’autres moments, DJ Mehdi ne le précise même plus. C’est que l’avenir est devant lui : dans la tournée mondiale de Justice, dont il fait les premières parties, ou avec A-Trak son ami qui est aussi l’ancien DJ de Kanye West avec qui il fait un ‘Walkie Talkie Tour’ à travers les Etats-Unis. Lui qui a connu les folies des tournées de la Mafia K1 fry dans les années 90, revit ça 10 ans plus tard. Dans le DVD Across The Universe, filmé par Romain Gavras, pendant la tournée de Justice – on l’aperçoit, timide, rieur, heureux de voir des milliers de personnes transpirer sous le gros son d’Ed Banger.
Son son à lui d’ailleurs évolue, et un des morceaux qui incarne le mieux ça est son “Pocket Piano” qui sort en 2008 sur la compilation ED Rec, vol 3. C’est aussi le nom d’un EP qu’il sort la même année, et où on découvre le morceau Tunisia Bambaataa – et ça c’est tout lui.
En 2009, il sort des compilations où l’on croise Architecture in Helsinki, Chromeo, Sébastien Tellier – et puis il monte avec Riton un nouveau groupe qu’il nomme Carte Blanche. Parce que c’est plus marrant la vie à deux, et parce que pour la première fois DJ Mehdi a envie de faire un projet qui n’a plus rien à voir avec le hip hop, il veut s’autoriser à commencer autre chose. Pour lui Carte Blanche n’a plus grand-chose à voir avec le hip-hop et c’est sans doute comme ça qu’il envisageait une partie de son avenir musical. L’essentiel pour lui, c’était d’essayer des choses, sans œillères, de traduire en son les idées qu’il avait dans sa tête.
En 2011, un soir du 13 septembre, DJ Mehdi fait une chute mortelle chez lui, entouré de ses amis. Le choc est immense, pour ses proches, pour ses amis, pour le public. Toute l’industrie musicale est en deuil. Il n’y a pas de mots pour dire l’injustice d’un tel accident, mais on peut tenter de raconter l’héritage qu’il a depuis laissé, et c’est ce qu’on fera dans le dernier épisode de cette nova story consacrée à DJ Mehdi. En attendant, le cœur lourd comme un jour de septembre 2011 on écoute “Pocket Piano”.
Un podcast produit par Sophie Marchand et réalisé par Malo Williams.
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