On célèbre aujourd’hui le disque « Remain In Light » de Talking Heads. Cet album, qui sort en 1980, est l’aube d’une nouvelle époque pour le groupe et pour l’histoire de la musique.
Il y a quelques semaines, je vous parlais du premier disque de ce groupe new-yorkais : le fameux 77, qui sort trois ans plus tôt. Un album avec lequel le groupe s’impose immédiatement dans la cour new wave, des bizarreries pop rock comme seules ces années-là peuvent en produire. Mais 3 ans et quelques albums plus tard, le groupe a déjà pris une nouvelle direction, guidé notamment par Brian Eno, l’immense producteur, musicien, réalisateur de disques qui a une sacrée influence sur David Byrne et qui s’en sert tellement que le reste du groupe se sent un peu hors sujet.
D’ailleurs, Remain In Light sera le dernier disque produit par Brian Eno, mais on est à ça de dire que c’est un album commun, tant on entend l’influence de Eno sur le groupe. Ce disque-là, ils l’enregistrent loin, dans les studios de Compass Point aux Bahamas, dans un format très instinctif et inspiré par des musiques non-américaines, par l’afrobeat de Fela Kuti en premier lieu. David Byrne, à l’époque, ne veut plus d’un groupe mené par un homme fort, mais rêve d’une collaboration très collective. Alors il invite des percussionnistes, des as du rock, des gens qui viennent de tous les rythmes. Ensemble ils essaient, ils cherchent, ils se trompent et ils finissent par trouver un son comme aucun groupe occidental ou presque n’en a fait à l’époque.
Mais, quand ils repartent des Bahamas avec tous les instrumentaux dans la boîte, si le son, cette forme de new wave plus sono mondiale, les convainc, David Byrne va avoir un peu de mal à trouver les mots qui vont avec. Il ne se sent pas inspiré et met du temps à écrire les paroles des chansons.
Alors il change de méthode, prend un magnétophone et commence à répéter des phrases, des onomatopées, des sons qui rebondissent. Et c’est en lâchant prise, en improvisant, qu’il finit par y arriver.
C’est tout ça, le fond, la forme, la démarche, l’ambition, le résultat qui fait que ce disque est culte et que 41 ans plus tard il est encore dans la lumière. Ça, et le fait qu’il y a des morceaux comme “Once in a Lifetime” qui est un des plus grands tubes du groupe, notamment grâce à son clip bizarre, bancal, avant-gardiste.