On rend hommage à un poète et musicien écorché vif, un artiste génial qui a peu vécu, mais qui a comblé nos cœurs : c’est Elliott Smith et son disque “From a Basement on the Hill” qui sortait un 19 octobre 2004.
From a Basement on the Hill est le tout dernier album qu’Elliott Smith a composé avant sa mort en 1993, qui est encore mystérieuse. Un disque assez hétérogène, parce que fini après son décès, complété, masterisé, sans savoir exactement quelles étaient ses volontés. Surtout que ce disque, Elliott Smith l’a enregistré sur trois années, entre 2000 et 2003. Ça lui a pris du temps et de l’énergie et son label, de son vivant, refusera de le sortir parce que ce disque était trop triste.
Mais avant de l’écouter et de se souvenir de sa fin, racontons un peu sa vie par le début. Elliott Smith grandit au Texas, dans une famille méthodiste, grise, triste, plate. Dont il s’échappe et se libère grâce à la musique qu’il commence jeune. Plus que d’en jouer, il en compose, écrit des textes et des mélodies. Il commence à écrire ses chansons tout jeune en s’inspirant des Beatles, de Dylan et de Elvis Costello.
À Portland, Elliott Smith devient une légende
Ensuite, sa vie va changer quand il s’installe à Portland, ville dont il va devenir une légende. Là-bas, il change de nom, enregistre ses premiers morceaux, prend de la drogue et boit de l’alcool pour la première fois. On est à la fin des années 80.
Ensuite, Elliott Smith va étudier la philosophie, monter un groupe, déprimer, nier qu’il touche à la drogue et commencer à affiner ses extraordinaires talents de compositeur et mélodiste. Je vous conseille une super biographie à son propos publiée aux éditions Le Mot et le Reste, écrite par Thierry Jourdain pour comprendre tout ce qui lui arrive à cette époque-là. Vraiment, la vie de Elliott Smith est dure et trop complexe pour être résumée rapidement. En 1994 et 1995, il sort deux albums majeurs : Roman Candle et Elliott Smith, des albums qui ont quelque chose d’irréel, d’éthéré et d’en même très ancré dans ce qu’il traverse, amoureusement, émotionnellement, dans son quotidien dur et trivial. Après ça, il y a Either/Or et puis les bandes-originales : à la fin des années 90, il chante pour la BO de Will Hunting de Gus Van Sant, de La Famille Tenenbaum et d’American Beauty.
Ce qui est particulier, c’est que la vie d’Elliott Smith, c’est une sorte de fossé qui se creuse entre son bonheur qui est inversement proportionnel à son succès.
En 2003, il est retrouvé mort à Los Angeles, sans que l’on sache si sa mort est un suicide ou les suites d’une dispute avec sa copine. Sa vie a été brève, intense, son œuvre est très fragile, comparable à celle de grands poètes maudits, d’artistes géniaux dont l’hypersensibilité ou l’intelligence ont été des malédictions.
Ce disque-là, dont son ex-copine et sa mère ont retrouvé les bandes, sort quelques mois après son décès. C’est un disque parfois surchargé, parfois sobre, qui nous projette parfois dans le Elliott Smith des années 90 ou parfois nous laisse entrevoir ce qu’il aurait pu devenir.
On écoute le morceau “Memory Lane”, qui en est tiré. Ça sonne comme les Beatles, comme Elliott Smith, comme l’automne aussi.