Après le rire viennent les larmes, avec ce standard de Wendy Rene.
Cette question de l’humour à l’extrême droite, Sophie, ça te donne envie de quoi ?
De pleurer. Parce que si l’humour, le second degré et la satire sont d’indispensables outils pour faire avancer une société, j’avoue que dernièrement je m’y perds un peu sur la ligne de crête de ce qui est marrant ou pas marrant. Il y a plein de choses que je ne trouve plus drôles du tout, par exemple un grand sniper qu’on pointe vers des journalistes et une caméra que je regarde moi de l’autre côté de mon écran, ça ne me fait pas rire. Ce n’était pas drôle quand Trump le faisait, ni quand Bolsonaro mimait la chose et par capillarité, quand Zemmour rejoue cette scène, ça ne me fait toujours aucun effet sur les zygomatiques.
Pareil, à partir du moment où l’on entend qu’il faut enlever le pouvoir aux contre-pouvoirs, ce qui désigne indirectement les penseurs, le peuple, les humoristes, les journalistes… j’ai du mal à esquisser un sourire. Je crois que la période est sérieuse et grave et qu’après le rire risquent de venir les larmes. En tout cas, c’est le titre du morceau que je vais vous jouer, un standard signé Wendy Rene en 1964, jeune musicienne qui a commencé sa carrière un an avant sur le label Stax et qui a disparu du milieu en 1967. Avec sa voix bouleversante, elle a chanté ce morceau “After Laughter (Comes Tears)” qui a touché des cœurs dès sa sortie et qui a été ensuite samplé par tant de gens, dont le Wu Tang.