Après “Melody” et “Our Love”, le duo signe un morceau d’une belle nostalgie pop et illustré par un clip parfaitement réussi.
Au milieu d’un océan de vert, un duo de garçons (Adrien Rozé et Clément Savoye, les deux membres du projet Kids Return) prend la fuite. Les enjambées sont grandes et le rythme soutenu, c’est la fuite devant un danger, un malheur, un tracas auquel il convient à tout prix d’échapper.
En fond sonore, déjà, résonnent une fusion de clavecins, de synthés Minimoog (un instrument associé aux univers de Pink Floyd, Vangelis, Herbie Hancock, Air, Daft Punk), de guitares qu’on jurerait issues d’un western épicé façon Ennio Morricone. Le format est pop, les références vont du cinéma italien des années 70 à la musique, psychédélique et progressive, de Pink Floyd.
Et puis viennent à l’écran les “Orange Mountains” que signale le titre du morceau. Non pas celles du New Jersey, ni celle d’Indonésie, mais celle de la chaîne des Pyrénées, dans laquelle a été composé le titre et tourné le clip qui l’accompagne. Le duo, cette fois et après ce bref instant de panique inaugural, apparaît plus apaisé. C’est le moment de la marche qui, lorsqu’elle est là pour divertir s’appelle randonnée et lorsqu’elle est là parce qu’il faut bien marcher se nomme vagabondage.
Lorsqu’une hauteur se présente, le duo se presse, observe de loin ce qui n’est pas tout près, scrute l’horizon afin de repérer un potentiel chemin. Des jumelles, une boussole, des bonnes paires de chaussures et un fardeau à traîner, dont on nous murmure à l’oreille qu’il pourrait bien s’agir d’un amour perdu.
Et soudain, au milieu du rien, c’est étonnant : deux chaises et une table. En son centre, un sablier qui indique que le temps (lequel ?) est désormais compté, puisque le sable, de cet objet qui ressemble vaguement à une guillotine, s’écoule lentement. “Je suis un voyageur et un grimpeur de montagnes”, se disait Zarathoustra en franchissant une nouvelle fois des hauteurs impossibles. “Je n’aime pas les plaines et il me semble que je ne puis pas rester tranquille longtemps” à quoi les Kids Return, en voyant apparaître cet étrange présage, peuvent-ils donc penser ?
Mais qu’importe : la route, c’est la vie
La route est longue et les obstacles, invisibles. Une brume épaisse indique que l’on se trouve peut-être bien au-dessus des nuages et en effet, le duo, pendant longtemps, marche à allure régulière.
Enfin, et après un parcours qui paraît avoir duré des journées entières, une lueur de civilisation humaine apparaît. C’est une petite église perdue au milieu des Pyrénées, faites de pierres et d’un sommet achevé par une croix chrétienne. Dans cette église, il faut, lentement, y pénétrer. Cette scène-là, et comme dans le classique de Kubrick Barry Lindon, est éclairée à la bougie, lumière évocatrice d’une certaine forme de sacré qui permet de voir, dans le giron du duo, un autel sur lequel trône, une fois encore… un sablier. Il y a dans les yeux et une nouvelle fois, une crainte réelle.
C’est alors qu’on revient à la fuite à travers l’immensité du vert, et que l’on boucle ce clip qui fait figure de roman initiatique pour un duo remarquablement mis en images par un autre duo, celui, cette fois, formé par Luca Lellouche et par Tara-Jay Bangalter.
Après « Melody » et « Our Love« , « Orange Mountains » est le troisième morceau du duo Kids Return.