Cette semaine, La Potion met le cap sur l’Occitanie, ce vaste territoire qui couvre près d’un tiers de la France, des Pyrénées à la Méditerranée.
Nous partons sur les traces de la spiritualité et de la mythologie occitane avec une merveilleuse créature à quatre têtes : La Mal Coiffée !
Manu Théron et Sam Karpienia à Marseille, Miquèu Montanaro et son fils Balthazar à Correns en Provence, San Salvador en Corrèze, Denez Prigent et Brieg Guerveno en Bretagne, ou encore le trio toulousain Cocanha… Depuis quelques années, dans tous les styles de musique, on assiste à un retour vers les traditions musicales racines, endémiques, traditionnelles, ainsi que vers les langues régionales.
C’est le cas en France mais aussi bien au-delà : au Pérou, la jeune Renata Flores fait du rap en quechua pour amplifier les luttes de son peuple quand à l’autre bout du globe, le producteur sud-africain Muzi nourrit ses beats électroniques de rythmes traditionnels pour donner corps à une zulu house plébiscitée par des mastodontes comme Stormzy et Diplo.
Le phénomène est donc mondial et tend à s’amplifier. Mais de quoi est-ce donc le signe ? Beaucoup y voient un refus du tout-mondialisé de la part d’une nouvelle génération d’artistes en quête d’identité et de racines.
Chez La Mal Coiffée, la démarche est éminemment politique : il s’agit là d’une reconquête poétique d’une pensée autochtone, d’une culture et d’une langue, l’occitan. Un bijou de langue minorisée par le grand capital, l’industrie et le progrès selon les membres de la Mal Coiffée : Myriam Boisserie, Marie Coumes, Laetitia Dutech, et Karine Berny.
Au pied de la Montagne Noire, dans leurs petits villages du Minervois, là-bas entre Narbonne et Carcassonne, les quatre chanteuses collectent depuis 20 ans des contes, poèmes et chants populaires qu’elles revisitent ensuite sur les arrangements polyphoniques du compositeur-alchimiste Laurent Cavalié.
En mai dernier sortait Roge (sur le label Sirventès), le 6e album de La Mal Coiffée au fil duquel les musiciennes subliment les textes de Claude Alranq, David Grosclaude, Auguste Foures ou encore Jean Boudou, des auteurs engagés dans la résistance à l’écrasement à la sape des cultures populaires. La majorité de ces chants sont féministes, militants et provocateurs, en bref, ils ont du caractère.
D’ailleurs en live, La Mal Coiffée ébouriffe ! Ça groove, c’est rock et tellurique, ça transe quasi noise et par moments, on ne sait plus si on assiste à une grand-messe païenne super joyeuse ou à un pow-wow anticapitaliste à quatre voix.
Peut-on alors parler d’une spiritualité occitane ? Et si oui, qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Réponse avec La Mal Coiffée dans La Potion.
Au programme : danse avec les morts, mythes fondateurs de la cosmogonie occitane, rites païens et formules pour faire pousser les fleurs.