Folklore et Futur ?
L’Espagne a su rester accrochée solidement à ses régions, ses folklores, contrairement à la France qui a lâché la bourrée auvergnate, les sabots et pipeaux dès les années 50, considérant que les Bigoudènes étaient dépassées, et que le Formica enterrait le rustique.
De la Feria de Séville aux traditions basques et catalanes, les Espagnols ont compris les joies des fêtes : la Fallas, les feux de Valence est une sorte de Carnaval de Nice avec statues géantes que l’on brule à la fin, entre deux paellas.
La Flamenco, Art total, du Cante Chico (blues) au Cante Jondo (métaphysique en provenance de l’Inde) est encore une survivance magique, vivante de ces danses, influencées d’orient, de Méditerranée, d’Afrique, et de folklore européen : Alegria, Farruca, Buleria, Zambra, Polo, vieux codes asiatiques… mêlés aux Sevillanas et Fandangos typiquement andalous.
La corrida, malgré ses détracteurs, reste un Art connu du monde entier , dernière survivance des combats de taureaux et d’hommes de Crète, Grèce, Rome…
Et tout cela vêtu comme des dieux, des rois ou princesses : costumes chargés d’Histoire et de savoir-faire . Les bijoux et broderies à eux seuls, feraient une encyclopédie.
Cristóbal de Balenciaga a sublimé cette Espagne, mais Paul Poiret avait déjà fêté les folklores d’Asie et Europe centrale, enfin Christian Lacroix a revisité les merveilles d’Arles et de Nêmes, à travers châles, broderies, Robes, coutures, bijoux et dentelles à l’ancienne, très hispanisantes. Même Yves Saint Laurent et Gabrielle Chanel avaient fait des collections « Gitanes », en hommage au style espagnol…
L’exposition que le musée Galliera propose dans la maison de Victor Hugo, hispanophile à ses heures, est une sélection de quelques trésors du musée du costume à Madrid, représentant les grandes régions ibériques, y compris Ibiza et Tenerife… Que dire de plus ?
Soit vous sentez la charge culturelle qu’impliquent ces grandes tenues régionales, recouvertes de signes, symboles, traces de l’histoire, et cela vous impressionne, soit vous considérez ces vieilleries comme un plat de résistance pour les mites.
Après une douzaine de séjours espagnols, et quelques années de danse flamenca, sans parler de l’Inde ( Bharata Natyam, Kathakali, Odissi, Mohiniattam etc.), je mets les traditions en préalable à tout travail de création, sans que cela soit une entrave à la nouveauté, bien au contraire.
La liberté du futur passe par la connaissance du passé.
Costumes espagnols entre ombre et lumière. Hors les murs du palais Galliera. À la maison de Victor Hugo. Du 21 juin au 24 septembre 2017.
Visuels :
(c) Costume d’homme dit « Charro Alfonso XIII » – Province de Salamanque. (c) Museo Del Traje – Cipe
(c) Castille & Léon – Salamanque – La Alberca
(c) Castille & Leon -Cape de berger – Zamora
(c) Salamanque Charra Infanta Isabel
Image à la Une : D – José Ortiz Echagüe – Femme de la Albertca – Salamanque / Countrywomen from Alberca – Salamanca