Beaucoup danseront sur ce titre sans en saisir le sens profond, mais d’autres se souviendront de son histoire bouleversante.
Sophie, cette colère saine ça te donne envie de nous passer quoi ?
Un morceau né d’une rage tellement légitime, “Young Hearts Run Free” de Candi Staton, dont l’histoire est bouleversante. Il date de 1976 est il a été pensé comme une catharsis, un appel à la liberté et à la libération de la parole.
À l’époque de l’enregistrement de ce morceau, Candi Staton est en couple avec un homme violent, qui la maltraite et la menace de la tuer elle et ses enfants si elle ose le quitter. L’homme est un proxénète, qui l’a droguée, au point qu’elle ne se souvient même pas du jour de leur mariage.
À cette période, Candi Staton est une chanteuse de RnB, de soul, de disco remarquée, talentueuse, brillante, avec qui tous les producteurs ont envie de travailler, et notamment David Crawford, qui bosse chez Atlantic Records. Elle se retrouve donc en studio avec lui, et lui raconte sa vie. En quelques minutes, le producteur propose de mettre des mots sur ce que subit Candi Staton.
C’est ce qu’on entend dans les paroles de cette chanson qui dit : “ton homme sera trop occupé à aimer toutes les femmes qu’il peut. (…) Mille fois par jour je me dis que je vais partir, c’est plus facile à dire qu’à faire – mon esprit doit se libérer, il faut que je m’aime pour le reste de ma vie”.
Cette vie-là que décrit la chanteuse, c’est exactement la sienne, avec ce refrain qui est un message de courage à toutes les femmes qui l’entendent.
“Young Hearts Run Free” : jeunes cœurs, partez vite, partez loin, soyez libres, ne faites pas comme moi, quittez ces hommes qui ne vous aiment pas.
Les paroles jaillissent comme des larmes et le premier enregistrement est le bon. Il suffit d’une prise, pour que ce soit la bonne, tant les mots sont justes et tant l’émotion est là. C’est l’été 1976, le titre sort et devient numéro 1 des charts. Candi Staton, elle, quittera ce tortionnaire juste après avoir sorti ce morceau.
Beaucoup danseront sur ce titre sans en saisir le sens profond, mais d’autres se souviendront que la musique, la parole publique servent aussi à ça et qu’il faut entendre ces colères qui débordent.