Et beaucoup reçoivent des financements publics.
L’ONG environnementale Carbon Disclosure Project (CDP) a publié un rapport lundi 10 juillet, indiquant que seule une centaine d’entreprises sont responsables de près des deux tiers de la pollution industrielle.
Depuis plusieurs semaines, la France et l’Allemagne font des pieds et des mains pour empêcher Donald Trump de se retirer de l’accord de Paris. Cette convention universelle arrachée à l’issue des débats houleux de la COP21 en décembre 2015 promet, si chacun respecte ses engagements, de limiter la hausse des températures à 1,5°C.
Ce rapport est un brin moins optimiste. En 2015, 91% des émissions de gaz à effet de serre (GES) étaient dues à l’utilisation d’énergies fossiles comme le charbon. Les données, collectées depuis 1988, démontrent que l’industrie des énergies fossiles a émis autant de GES ces 28 dernières années, que pendant 237 ans après la révolution industrielle. Si rien n’est fait, à ce rythme, les températures pourraient augmenter de 4°C.
Les États aussi responsables
Pas de panique, nous direz-vous, puisque l’accord de Paris est témoin de la détermination des États à lutter contre le fléau du réchauffement climatique. Sauf qu’à la lumière de ce rapport, la détermination en question a des airs hypocrites. En 2015, un cinquième des émissions de gaz à effet de serre étaient soutenues par un financement public.
La Chine (CNPC), l’Arabie Saoudite (Saudi Aramco), l’Iran (National Iranian Oil) possèdent par exemple des compagnies publiques, responsables de ces émissions. En Russie, les liens ambigus entre Gazprom et le pouvoir sont questionnés. Pour Carbon Disclosure Project, les États qui ont investi dans ces « Carbon Majors » partagent leur responsabilité.
Le rapport, à retrouver ici, se veut avant tout pédagogue : « Ce rapport vise les investisseurs qui se demandent de quelle quantité d’émissions sont responsables leurs holdings. » Il cherche aussi à encourager ces multinationales à plus de transparence.
Pedro Faria, le directeur technique du Carbon Disclosure Project, reste optimiste : « Cette publication fait suite à la décision des États-Unis de se retirer de l’accord de Paris. C’est une triste initiative. Mais nous assistons cependant à la résurgence d’un engagement visant à réduire les émissions de GES. Et ce de la part d’acteurs non-étatiques, de villes, d’états, de régions, et d’entreprises. (…) L’action pour le climat ne repose plus seulement dans les mains des législateurs. Elle est devenue un mouvement social. (…) Ceux qui ignorent cette réalité le font à leurs risques et périls. »
Visuel © Flickr/Thewritingzone Yorkshire, Angleterre