Retour sur l’importance de la house dans le combat contre le sida.
« 120 BPM, le rythme naturel de la house et du cœur, la musique qui nous a fait tenir quand on n’y croyait plus. » C’est ainsi que Didier Lestrade, cofondateur d’Act Up-Paris décrit l’importance de la house dans le combat mené par l’association dans les années 1990.
120 battements par minute, c’est aussi le titre du film de Robin Campillo, qui sort en salles ce mercredi, et retrace les combats d’Act Up-Paris entre 1991et 1995. Le sida tue alors dans l’indifférence générale, et les actions coup de poing d’Act Up sont réprimandées par les autorités. Peu importe, pour cette bande de jeunes militants qui s’affranchissent des règles d’une société qui les ignore, et ignore leur souffrance. Séropositifs ou non, engagés, révoltés, ils se mettent en quête de visibilité publique et politique dans un mouvement festif, dans lequel la house music a joué un rôle-clé.
C’est une joie contagieuse et pleine de désespoir qui est célébrée par cette musique née dans les communautés gay et afro-américaine de Chicago. Elle atteint Paris alors qu’Act Up passe à la phase offensive, et choisit la rage de vivre alors que la mort est partout. « Les fondateurs d’Act-Up Paris, en 1989, savaient qu’il fallait associer la lutte contre le sida et la house victorieuse », raconte Didier Lestrade. « J’ai toujours trouvé surprenant de voir que la house a explosé en 1987, au moment où le sida est vraiment arrivé en France (…) Ces deux évènements n’ont bien sûr aucun lien de causalité mais je l’ai pris comme un tournant culturel, comme deux forces majeures qui s’affrontaient tout en s’accompagnant. »
« House victorieuse »
Le cofondateur s’émeut de l’énergie positive véhiculée par le film de Robin Campillo, alors qu’à l’époque, une indifférence doublée d’une homophobie rampante cherche à invisibiliser les milieux gay et toxicomanes, dans lesquels le sida fait le plus de ravages. Au service de cette énergie solaire, une bande originale composée par Arnaud Rebotini qui rend hommage au poids de la culture clubbing dans la consolidation d’une communauté, et d’un combat pour la dignité.
Pour Didier Lestrade, la sincérité du film tient, entre autre, à sa B.O. : « Comme dans le film, je faisais des cassettes pour mes amis et mes amants. Je passais beaucoup de temps à imaginer la BO de mon enterrement. Toute la musique était recouverte d’un glacis mortuaire. Aujourd’hui, je n’arrive toujours pas à écouter ces disques que j’aime tant. J’y vois le souvenir de mon désespoir. »
Dans le cadre de la sortie du film ce mercredi, Arnaud Rebotini dévoile une mixtape inédite dans laquelle on retrouve notamment son remix de morceau « Smalltown Boy » de Bronski Beat, mais aussi Thelma Houston ou encore Mood II Swing. La mixtape, justement, s’écoute ci-dessous :
Visuel : (c) 120 battements par minute