Si vous n’avez pas idée de qui est cette fameuse Ida, on peut vous souffler la réponse à l’oreille. Ida, c’est Rubinstein. Une danseuse. Mais pas n’importe quelle danseuse, attention. La bayadère effeuillée du Salomé d’Oscar Wilde. Celle qui commandita le Boléro de Ravel. L’égérie, aussi, des mythiques Ballets Russes, dont la sulfureuse réputation avait enflammé la Belle Époque – par ses chorégraphies osées, sa liberté totale, sa beauté fulgurante.
Une artiste, parfois occultée par l’historiographie des arts, à laquelle la chorégraphe belge Lara Barsacq rend hommage, continuant son focus sur les Ballets Russes, focus aux réminiscences familiales puisque son arrière-grand-oncle, Léon Bakst, fut le peintre et costumier attitré de cette troupe itinérante. Après Léon, place à Ida, donc, dont le poster était affiché dans la cuisine familiale. Ida, inspiration tutélaire de ce trio habité, mêlant l’historique et le trivial, le grandiose et l’absurde, les souvenirs personnels et les archives – parures, tentures, peintures, artefacts trans-générationnels posés tels des balises.
Sur scène, les trois interprètes – Marta Capaccioli, Elisa Yvelin (ou Marion Sage) et, bien sûr, Lara Barsacq – se dédient à célébrer la mémoire, la gloire, même l’absence d’Ida. Une absence omniprésente, déployée par le biais d’une ode pluridisciplinaire, directement inspirée par son modèle. Lara Barsacq : « Ida Rubinstein voulait faire ‘‘un art aux trois visages’’ en liant le chant, la danse et le texte. C’est un peu ce que je fais. »
Les corps, les voix, les mots, les objets et les fantômes : autant d’éléments mobilisés pour composer cette ode à la liberté, à ces figures emblématiques qui insufflent ce substrat d’énergie et d’audace indispensable pour ne pas courber l’échine jusqu’au point fatal. Ces figures qu’il convient de ressusciter pour re-susciter des vocations. De la poésie, la danse pour se réaliser, s’inventer. Avec, malgré tout, le deuil en filigrane – éloge d’un éternel éphémère.
Avant d’apprécier son autre spectacle, Fruit Tree, consacré à Bronislava Nijinska (la chorégraphe des Noces, soeur de Nijinski – encore les Ballets Russes !), que Lara Barsacq présentera également à la Manufacture, jeudi 16, Nova Bordeaux vous offre des billets pour ce Ida Don’t Cry Me Love ; DES PLACES À EMPOCHER ICI-MÊME, SUR CE LIEN avec le mot de passe Nova Aime.
Ida Don’t Cry Me Love, de Lara Barsacq, le mardi 14 décembre, à 20h @ Manufacture CDCN (Bordeaux). Précédé d’une masterclass, le lundi 13, à 10h.