Jeudi soir à Rennes, à l’occasion des Trans Musicales 2021, rares étaient ceux qui ne cherchaient pas à dégotter une place pour le concert du Piémontais Andrea Laszlo de Simone. C’est que le jeu en valait la chandelle et que l’attente était teintée d’immensité.
Au cœur de la scène du Théâtre national de Bretagne, un musicien à l’allure zappatesque (cheveux longs bruns, moustache épaisse, folie ordinaire) se grille quelques clopes (roulées) dès qu’il est possible de le faire. Les gestes sont désinvoltes, émus, touchants, puis soudain, ils se survoltent, lorsque vient le temps d’entonner ces chansons qui sont déjà des hymnes à l’amour qui toujours domine, à la nécessité de vivre intensément, aux enfants que l’on accueille et qui bouleversent tout. C’est Andrea Laszlo de Simone, le rendez-vous très attendu de cette édition 2021 des Trans qui a tenu, et elles étaient grandes, toutes ses promesses.
Autour d’Andrea ce jeudi soir (la pièce était aussi donnée le mercredi), onze musiciens (des cordes, des cuivres, des chœurs, des grattes) comme autant d’apôtres (pas de Judah dans ce groupe-là) tournés tout entiers vers un seul et même objectif : faire d’Immensità, ce disque de pop progressive, orchestrale, sorti en 2019 et qui porte si merveilleusement bien son nom, la même pièce follement intense sur scène qu’elle l’avait déjà été sur disque. Ce fut une réussite éclatante.
Les morceaux de ce chef-d’œuvre de 25 minutes que l’on a été obligé d’écouter 25 000 fois pour s’immerger de toute sa beauté, s’étalent ainsi durant une heure et 30 minutes absolument intenses, sensibles, grandiloquentes parfois. Les interludes s’immiscent dans des horizons cosmiques, longilignes, parfois bruitistes. La pop progressive copine avec le post-rock, le glam, le free-jazz. Ce concert est d’une liberté totale. Il est salué par des applaudissements convaincus et des « ti amo Andrea ».
Aux premiers rangs (au théâtre, on est assis), quelques fans qui ont fait le déplacement depuis l’autre côté des Alpes (c’est qu’il se murmure que ce concert, pour le Turinois, pourrait être le dernier au sein de cette formation-là…) disent à leur tour « Ti amo amore / Sarai mai pronta / A ritornare ?« , lorsque résonnent les accords du bouleversé « Meglio ». Ces paroles, d’autres les disent aussi avec un Italien moins correct mais peu importe : la langue de l’amour est universelle alors, on l’entonne.
On entend les titres d’Immensità mais aussi d’autres, calfeutrés dans un jeu de lumière remarquablement bien pensé. “Sogno l’amore”, « Fiore Mio »(joué sur Radio Nova) et l’indispensable “Vivo” bien sûr.
Les yeux perlent un peu lorsque les cordes s’enlacent et que la voix d’Andrea s’envole : les ovations furent nombreuses en fin de concert et durent sans doute encore, au moment où l’on écrit ces lignes. Bravissimo Andrea, et grazie mille per tutto.
Sans Andrea mais avec un programme bien rempli, les Trans Musicales poursuivent leur route tout le week-end à Rennes. Le programme complet est ici.
Un grand merci à Nicolas Merienne pour ces photos prises ce jeudi 2 décembre au au Théâtre national de Bretagne.