Série à voir. Pas d’excuses.
Comment créer sous la contrainte ? Kim Kong (et non pas King Kong), mini-série en trois épisodes où un réalisateur dépressif retrouve le goût de créer à la faveur d’un univers, disons, « particulier », puisqu’il a été kidnappé par un despote asiatique qui a néanmoins le bon goût d’aimer le cinéma, intérroge cette problématique.
Dans cette mini-série, le réalisateur au bout du rouleau qui retrouve des étincelles sous la contrainte du « pas le choix », c’est Jonathan Lambert, qu’on a croisé ces dernières années chez Beigbeider (dans L’amour dure trois ans ou dans L’idéal), chez Dupieux (dans Steak, dans Réalité) ou chez Mocky (dans Calomnies), et qui traine désormais chez Quotidien, entre autres activités nombreuses. Une série, c’est fou, inspirée de faits réels.
Effectivement : après recherche, en 1978, un cinéaste sud-coréen, Shin Sang-ok, se retrouve kidnappé à Hong Kong par le régime nord-coréen, contraint de réaliser des longs-métrages pour le pouvoir de Pyongyang pendant près de 10 ans… C’est que Kim Jong Il, le père de Kim Jong-Un, était un grand fan de cinéma, et qu’il ne disposait pas sur place de cinéastes suffisamment performants à ses yeux pour remplir la tâche qu’il souhaitait voir exécuter. Aller chercher ailleurs ce que l’on ne trouve pas chez soi : c’est le principe de l’importation, d’une certaine manière… À voir notamment, sa version incroyablement kitsch et orientée (propagande communiste partout) de Godzilla, renommé Pulgasari, en 1958…Si vous tenez plus de quinze minutes, n’hésitez pas à nous le dire, ça sera une belle perf.
Des despotes qui aiment le cinéma, voilà une surprise, ce n’est en réalité pas si rare : Fidel Castro adorait Bardot et Depardieu, Saddam Hussein regardait en boucle Le Parrain, Mao était fan de Bruce Lee, Staline fan de western, Amin Dada et Hitler fans de Disney…Une mini-série politique (et très drôle) donc, en trois épisodes d’une heure chacun, et diffusée par Arte ce soir, jeudi 14. Et pour ceux qui n’ont pas le temps d’attendre (on les comprend : la série défonce), les trois épisodes sont déjà visionnables sur le site d’Arte, tout de suite, maintenant.
« J’adore me faire un pop-corn movie un peu con, et enchaîner avec un film d’auteur hongrois », nous disait Jonathan Lambert ce matin. Pas étonnant, dans ce cas, qu’il fasse plus ou moins la même chose dans ses propres productions…
Réécoutons Jonathan Lambert, ci-dessous. Et la matinale intégrale, par ici.
Visuels : (c) Kim Kong