La semaine dernière, notre reporter Sacha Boone s’est rendu à Rennes à l’occasion du festival « Bars En Trans », il raconte.
J’ai pris la route en direction de notre chère et tendre Bretagne jeudi dernier pour le coup d’envoi du festival Bars En Trans. Comme son nom l’indique, le principe du festival rennais est simple : pendant 4 jours, du 2 au 5 décembre, une multitude de concerts se déroule dans toute la ville à travers différents bars, salles de spectacles et lieux alternatifs. Sur scène, on y retrouve une programmation ultra novatrice et éclectique, mettant à l’honneur les artistes en développement du moment. Et comme artiste en développement ne veut pas dire artiste en herbe, la qualité était bien entendu au rendez-vous, et même très prometteuse. Des rencontres, des découvertes, des lieux et ambiances atypiques, c’était ça Le festival Bars En Trans. Un événement fédérateur et rafraîchissant, avec en prime un esprit de convivialité bien breton.
Quatorze lieux de représentations dans tout le centre de Rennes, il y avait de quoi faire. Et en même temps, tout s’y faisait assez rapidement, de façon très plaisante. On y flâne de bars en bars, de concerts en concerts… On change d’ambiance en seulement quelques minutes à travers une Rennes vivante, agitée, toujours accueillante. Autour de nous, beaucoup de monde, venant d’un peu partout : un public originaire de Saint Malo, Nantes ou autres villes de la région, comme d’Allemagne ou de Belgique… Un vrai melting pot de festivaliers. J’ai alors pu y expérimenter des atmosphères surchargées et ultra festives, par exemple au Penny Lane ou au Ty Anna le jeudi soir, des bars bondés de monde. Un esprit « club » au sens large du terme au 1988. Ou encore un moment plus délicat, poétique et solennel au Théâtre du Vieux Saint-Étienne, une ancienne église du XXIIe siècle reconvertie. D’ailleurs mention spéciale pour cette salle unique en son genre.
Mention spéciale pour les artistes aussi. Confirmés sur scène pour certain.e.s ou encore en découverte de celle-ci pour d’autres, tous.tes m’ont prouvé qu’ils y avaient leur place. 3 d’entre eux ont néanmoins particulièrement retenu mon attention. Voici alors mon top 3 concerts de cette 25e édition du festival Bars En Trans.
Zinée au Théâtre de La Parcheminerie le jeudi 2 décembre
Jeune rappeuse originaire de Toulouse, Zinée arrive avec nonchalance, voire innocence sur la scène Rap actuelle. Une approche qui reste tout à son honneur. Textes kickés, flows techniques et mélodies ultra maitrisées, elle peut nous choquer comme nous toucher : une polyvalence artistique qui se conjugue avec maturité. Accompagnée d’un batteur et d’un guitariste sur scène, leur représentation offre un live puissant et vibrant, qui a réussi avec brio à faire se lever le public assis du Théâtre de La Parcheminerie. Membre de la 75e Session, Zinée a sorti un très bon EP Cobalt en juillet dernier, et s’inscrit clairement comme une artiste à suivre.
Zaho De Sagazan au 1988 le vendredi 3 décembre
Elle faisait déjà l’unanimité lors du Ici Demain Festival il y a quelques semaines, cette fois c’est à Rennes au 1988 que Zaho De Sagazan nous a démontré à nouveau sa crédibilité. En plus d’une voix puissante et stridente, elle se démarque par une musicalité électronique unique qui façonne ses morceaux. Des évolutions de textures, d’ambiances, et de drums fracassées par son batteur avec qui elle partage la scène. Un duo singulier et complémentaire qui jouait devant une salle pleine ce vendredi. Pas encore de matière sortie, mais un projet qui s’affine et qui devrait bientôt éclore.
Poltergeist à L’Amrok le vendredi 3 décembre
Originaire de Chalon-Sur-Saône, Poltergeist ré-interprète de façon personnelle et Pop cette énergie Coldwave qui définit clairement sa direction. Seul sur scène, mais tout de même bien accompagné par claviers, pads et même une guitare, il enchaîne un live étonnant qui concilie vieux punks et jeunes rookies en recherche de sonorités rugueuses et planantes. Le jeune musicien s’exprime en allemand, mais véhicule une attitude qui parlera à tous. Il sort en avril dernier un EP intitulé This Never Existed qu’on ne peut que vous conseiller d’aller écouter.
En quête de découvertes musicales ou d’instants festifs à partager en ces temps troubles (notamment suite aux récentes annonces du gouvernement), le festival Bars En Trans s’annonce définitivement comme une expérience qui sait réunir les deux. Fort de sa programmation qui a d’ailleurs déjà vu passer une certaine Angèle ou un Lomepal il y a quelques années, on parle véritablement d’un événement précurseur et « tremplin » pour tous ces jeunes artistes. Un événement qui s’accompagne donc d’une ambiance fougueuse et désinvolte pour le plus grand plaisir du public.
Visuel en Une © Théo Oster