Dans Néo Géo, on parlait restitution d’oeuvres d’art.
On vous parlait récemment de boomerang, de coiffe à plumes, et d’appropriation culturelle. Ce dimanche, Bintou Simporé et Valérie Mortaigne analysaient un autre point du débat dans le Doss du jour de Néo Géo : la restitution d’oeuvres d’art.
En juillet 2016, le gouvernement béninois a formulé une demande de restitution de pièces d’art classique provenant du Palais d’Abomey, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1985. Ces oeuvres ont été prises en 1894 lors de la défaite de Béhanzin 1er, roi du Dahomey (l’ancien nom du Bénin), face aux colons français, auxquels il avait farouchement résisté. 5 000, pièces, parmi lesquelles des trônes, des masques, des tentures, des bijoux, des armes… Certaines sont aujourd’hui exposées au Musée du Quai Branly, un établissement public.
Quelques mois après la demande du Bénin, Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, oppose une fin de non-recevoir. Selon lui, et selon la loi française, les biens possédés par l’État sont « inaliénables et insaisissables ». Même lorsqu’ils ont été accaparés lors de la colonisation ? Que se passerait-il si tous les pays dont la France possède des oeuvres, réclamaient leurs biens ? De quelle légitimité légale dispose le Bénin ? Le doss du jour a tenté de répondre à toutes ces questions.
« Si l’on suivait cette voie, le Louvre serait vidé »
La question des institutions muséales en Afrique
« Si l’on suivait cette voie, explique Valérie Mortaigne, le Louvre serait vidé, l’obélisque de la Concorde serait réexpédié en Égypte, et le musée du Quai Branly serait aussi vide que le musée des civilisations de Dakar inauguré en 2016, mais toujours sans collection, ce qui est parfaitement normal puisque 80 à 90% des pièces majeures d’art africain sont hors d’Afrique. »
Ce qui explique que la France ait des réserves. Au point d’user d’arguments comme celui expliquant au Bénin que ses institutions ne sont pas assez développées pour conserver son propre patrimoine culturel. Un cercle vicieux entretenu par le fait que les bénéfices financiers du tourisme et de la culture sont faits dans les pays qui conservent les oeuvres. Si les pays africains possédaient de plus grandes collections, elles permettraient alors de générer plus d’argent, et donc plus d’institutions muséales.
Pour Marie-Cécile Zinsou, petite-nièce de l’ancien présent béninois Emile-Derlin Zinsou, « on a tout à fait les moyens d’avoir des musées, et un patrimoine national bien entretenu. Après c’est une question politique. Est-ce que le gouvernement souhaitera entretenir ce patrimoine ? (…) Les citoyens sont en droit d’attendre que l’État leur donne accès à leur culture et à leur histoire. »
Le doss du jour est à réécouter ci-dessous, en intégralité.