Néant et politique.
Si par hasard, vous considérez le macronisme comme une épidémie brutale qui a contaminé le pays à une vitesse supersonique, alors lisez ce livre, c’est l’antidote le plus puissant que j’ai trouvé.
Harold Bernat, agrégé de philosophie, qui a déjà épinglé le monde moderne (et même Michel Onfray), démonte le système Macron, avec des outils de précision, des exemples et la parole d’autres penseurs avant lui (Baudrillard, Bourdieu, Clouscard, Castoriadis, Michea…)
Ce livre de dé-construction d’un système, explique toute la méthode Macron : parfaite, illusoire, mimétique, spectaculaire…et vide !
Politique fantôme
L’auteur multiplie les expressions, les images, afin de définir cette politique fantôme, comme surgie d’un club de pensée, répandue avec des discours, des touches de philosophie et de morale ressemblant à un nouvel évangile d’efficacité et de précision.
Voici quelques formules de mister Bernat pour démystifier l’église macroniste : il dit par exemple que Macron a le « logiciel des lumières », qu’il est un émetteur-récepteur, un philosophe de surface, un révolutionnaire du flou, utilisant sans vergogne des simulacres opposés. Qu’il a « encodé » les algorithmes qui achètent et qui vendent , qu’il utilise des simulacres vides, qu’il dresse la masse aux codes de la réussite mondaine, qu’il est au marchand de concepts, superficiel, mimétique, auto fasciné par ses apparitions…
« Désarmement intellectuel du pays »
Aidé par l’idiotie médiatique, notre président procède au « désarmement intellectuel du pays », et comme un télévangéliste, il répand une « bouillie émotionnelle », qu’il adoube ses vassaux par de petits gestes tactiles, vieux principe féodal, avec magie initiatique du contact (joue, épaule, tête, main, bras ou nuque sont ainsi effleurés par le thaumaturge !) Vous avez un aperçu de ce pamphlet virulent.
Bref, il s’agit d’un costard taillé encore plus serré que le vrai (!), par un universitaire, versé dans la philosophie et la politique (un peu trop) qui pense qu’il s’agit d’un système visant à évacuer toutes les contradictions, les positions, la politique d’ opposition, de révolte, comme étant dépassées et contre-productives…
Être contre, c’est être ringard; Se révolter aurait quelque chose de démodé, voire dépassé…Ainsi, nous voici armés de concepts, permettant de faire jeu égal et de ne pas être nous aussi dans la « sidération » du post politique, et éviter l’hallucination collective de la réussite et du progrès. À vous de voir si vous croyez au « multilatéralisme », et à la négociation permanente qui nous sauvera des positions rigides paralysantes, ou si les frictions justement, nous obligent à trouver du sens valable.
Le néant et la politique. Critique de l’avènement Macron, par Harold Bernat. Aux Éditions L’Échappée. Collection « Pour en finir avec ». 160 pages. 12 euros.
Visuel : (c) Bloomberg / Éditions L’Échappée