Le Peace, Love, Unity & Having Fun semble loin.
C’était en 2016 que les premières opprobres étaient tombées sur le mythique fondateur de la Zulu Nation, Afrika Bambaataa. Jusque-là, la Zulu Nation, synonyme de paix, d’unité, de savoir et d’amour mais surtout du rayonnement du mouvement hip-hop dont elle a défini les cinq piliers, n’avait jamais souffert de la moindre critique. Elle avait toujours une alternative pacifiste face à la violence des gangs par l’art et la création.
Ronald Savage fut le premier à se plaindre de sévices sexuels qu’il aurait subi alors qu’il n’a que 14 ans de la part du pionnier du mouvement hip-hop. Si l’avocat de Bambaataa a réfuté les propos de Savage en les jugeant diffamatoires, les témoignages ont commencé à s’accumuler contre le pionnier du hip-hop.
Aujourd’hui soixantenaire, il a toujours nié ces accusations. Pourtant, après avoir publié des communiqués critiques à l’encontre des plaignants, la Zulu Nation avait fini par annoncer que Bambaataa n’était plus responsable de l’organisation.
Quelques semaines plus tard, la Zulu Nation rendait public une lettre d’excuses à destination des potentielles victimes de Bambaataa.
Mais la Zulu Nation continue de faire l’actualité, bien loin des valeurs qui sont originellement les siennes. Le dernier évènement en date est sordide et en dit long sur l’état de l’institution. Début juin, l’ancien « ministre de l’information » de la Zulu Nation, Grandmaster T.C. Izlam, 51 ans, est assassiné par balles à Atlanta. Et il aura passé les derniers mois de sa vie à regarder constamment au-dessus de son épaule…
Dans une interview donnée quelques temps avant sa mort, Grandmaster T.C. Izlam s’est confié à la réalisatrice Leila Wills. Elle travaille sur un documentaire intitulé Trapped In A Culture, qui évoque les abus sexuels présumés de Bambaataa. Dans cette interview, Izlam détaille à la réalisatrice les menaces qu’il subit depuis sa démission du poste de porte-parole de la Zulu Nation.
En effet, Izlam qui avait servi à ce poste pendant des décennies avait pris la décision avec d’autres cadres, de démissionner, en réaction aux allégations à l’encontre de Bambaataa et parce que ce dernier lui avait demandé de « contrôler les dommages collatéraux de cette affaire », chose qu’il a refusé de faire. Dans l’interview il évoque des menaces venant du monde entier, de lieutenants de Bambaataa.
Ces menaces l’ont finalement poussé à quitter New York pour le Massachusetts et le Connecticut. Dans un article de blog, Leila Wills a affirmé : « Izlam m’a affirmé qu’il était à Atlanta car il était en fuite depuis un an pour échapper à des menaces de mort qui lui arrivaient régulièrement via téléphone, de la part de ce qu’il appelait le Bambaataa fan club. Ces menaces l’accusaient de manquer de loyauté envers le « Father » et lui annonçait qu’il finirait « dans une boîte »… »
Izlam a été tué d’une balle dans la poitrine à Atlanta le 8 juin. À ce jour aucun lien direct entre les agresseurs et la Zulu Nation n’a pu être déterminé. Dans une vidéo publiée le 20 mai sur Facebook, Izlam évoquait le soulagement de se confier à Leila Wills…
Le documentaire est actuellement en post-production et devrait être disponible en octobre.
Visuel : (c) Theo Wargo / Getty Images