Le photographe du Paris branché exposé Galerie du Passage.
Simon fut un des acteurs les plus « branchés » et fascinant de la scène parisienne : bande du Palace, des Bains, du Tango…Cette fameuse bande des Halles qui nous a donné Marie France, Pierre et Gilles, Christian Louboutin, Eva Ionesco, Paquita, Edwige, Djemila, Farida, Serge Kruger et bien d’autres moins connus, tous imaginatifs et créatifs…
Esthète fantaisiste
Il avait choisi le pseudo d’un opéra de Verdi : Simon Boccanegra ! Enfant de l’assistance, Simon était un esthète, doublé d’un fantaisiste dans le meilleur sens du terme. Il était aussi sensible et visionnaire.
Vif comme l’éclair, il photographiait les nuits parisiennes avec talent et panache, comme en passant, en s’amusant, car il faisait partie de ces nuits. S’il était là, c’est que la soirée en valait la peine.
Il a donc immortalisé à toute blinde ses amis, les égéries des clubs et de la mode, tous ces personnages qui firent l’éclat des revues chics de la décennie magique de 1975 à 1985 et plus, de façade à l’égoïste.
Punk avant l’heure
Il avait intégré la notion de l’éphémère, de l’instantané qui lui était propre, avec un goût immodéré pour la beauté, même décadente ou trash. Il fut un punk avant l’heure, mais aussi un classique : dandy, élégant, au coup d’œil imparable, connaissant instinctivement les règles de l’art.
Il est difficile d’évoquer un être aussi particulier, rapide, insaisissable, aussi drôle et brillant que fut Simon Boccanegra, qui trouvait son inspiration dans le futile, le passager, la marge, les oiseaux de nuit.
Le passager, la marge, le futile
Nous voulions tous le publier, mais il s’en moquait, ignorant les offres ! J’avais fini par arriver à montrer dans Actuel en janvier 1992, une série de son travail sur les travestis new-yorkais, formidables de présence (une continuation du travail de Gilles Larrain dans « idols » de 1973.)
Il s’était pris de passion pour l’excentrique anglais Quentin Crisp , vivant à New York, vêtu avec la préciosité d’une vieille anglaise. Simon le photographiait avec amour, comme un modèle, un exemple de vie.
L’adjectif autodidacte n’a pas de sens pour le définir, car il connaissait les stylistes, photographes, décorateurs de premier plan parfaitement , sans jamais céder à la copie ou à l’hommage : il était plus moderne. Lorsqu’il décida de nous quitter vers 2012, il nous laissa orphelins et hébétés : les meilleurs partent les premiers, mais il aurait pu attendre .
Enfin une expo et bientôt un livre pour dire à quel point cet être de vif argent, qui photographiait en dansant comme un torero, pour s’amuser encore plus et défier les règles.
Simon Bocanegra. Galerie du Passage. 26 galerie Vérot Dodat, 75001. Du 19 octobre au 15 novembre 2017. Le rare livre des photos de Simon Bocanegra, Photographies, 160 pages, 29 euros (textes de Hélène Hazera, Jaqueline Germé et Claude Louis Combet) sera accessible sur place (Éditions Gourcuff Gradenico)
Visuels : (c) Simon Bocanegra