Aujourd’hui, les femmes et les hommes politiques qui piétinent les droits d’auteurs et d’images, ça donne envie à Sophie Marchand de parler de samples.
Ce sample a tout changé pour la musique, on est en 1991, le rappeur new-yorkais Biz Markie a depuis quelque temps beaucoup appris au côté de son producteur, arrangeur, et ingénieur du son Marley Marl. Parce que ce dernier, qui est un bidouilleur, a compris comment décortiquer des morceaux, en déstructurant la section rythmique et en la recréant ailleurs et autrement. Marley Marl a formalisé la technique du sample qui va servir à tout le hip-hop qui dans des disques de funk, de soul, de pop, de musiques classiques va trouver des sources et des boucles d’inspiration.
Reste une petite zone d’ombre, la question légale. Si on sait que la musique est une affaire d’interprétation et de réinterprétation permanentes, a-t-on pour autant le droit de se servir comme ça allégrement sans rien demander à personne ? Non. Et ça Biz Markie va en payer le prix fort au début des années 90. À cette période, il s’apprête à sortir un nouvel album, et il a flashé sur un morceau de pop 70 s, le titre Alone Again de Gilbert O’Sullivan. Alors il a envie d’en tirer quelques secondes, et de poser dessus, pour raconter une autre histoire plus moderne de la solitude.
Biz Markie n’est pas tout à fait un pirate, il demande à l’artiste s’il lui accorde ce droit, à l’époque beaucoup de choses se réglaient à l’amiable, ou avec des chèques de dernière minute. Mais Gilbert O’Sullivan refuse. Pas par principe, simplement parce qu’il trouve que ce morceau n’est pas assez sérieux à son goût. Ok. Biz Markie le fait quand même. Il sort son morceau et son album, et espère que tout ira bien. Mais Gilbert O’Sullivan est tenace, il intente un procès, que Biz Markie va perdre. Résultat, son album est retiré des ventes, et désormais la musique sera régie par une jurisprudence : celle du clearing de sample. C’est simple pour se servir d’un morceau, il faut l’autorisation du label.
Une leçon qui pourrait éclairer nos politiciens en France, et en attendant la jurisprudence, voici ce fameux morceau. Les plus vifs reconnaîtront un générique d’une de nos émissions.