L’artiste russe Pavlenski évoque un happening d’art politique.
C’est hier, lundi 16 octobre, que l’artiste a été arrêté par la police après avoir mis le feu à une antenne de la Banque de France, place de la Bastille. C’est vers 4 heures du matin qu’il a aspergé deux fenêtres du bâtiment d’essence avant d’y mettre le feu. L’artiste et la femme qui l’accompagnait ont été placés en garde à vue pour « dégradations volontaires de bien par l’effet d’une substance incendiaire », nous rapporte Le Monde.
Piotr Pavlenski est un artiste réfugié en France depuis le mois de janvier. L’homme qui s’opposait régulièrement au gouvernement russe, ainsi que sa femme, Oksana Chaliguina, ont obtenu « le statut de réfugiés politiques » en France.
Pour ce nouveau happening en France, le modus operandi est le même que celui qu’il affectionnait en Russie : tenir la presse au courant, au dernier moment, de ce qu’il s’apprête à faire. Cinq personnes étaient donc présentes pour assister à la scène, où l’artiste leur a distribué un communiqué de presse, communiqué résumant son action, baptiséeEclairage :
« La Bastille a été détruite par le peuple révolté ; le peuple l’a détruite comme symbole du despotisme et du pouvoir. Sur ce même lieu, un nouveau foyer d’esclavage a été bâti. (…) La Banque de France a pris la place de la Bastille, les banquiers ont pris la place des monarques. (…) La renaissance de la France révolutionnaire déclenchera l’incendie mondial des révolutions. », cite Le Monde.
C’est pour une action de ce type – un incendie du siège des services de sécurité russes – qu’il avait passé sept mois en détention préventive avant d’être condamné à payer une amende. Son procès lui-même était devenu une performance, y conviant des prostituées à témoigner, symbole du fait que la justice était à la botte du pouvoir, selon lui.
Ce n’est pas son seul fait de gloire puisqu’il s’était aussi cloué les testicules sur les pavés de la place Rouge, une « métaphore de l’apathie, de l’indifférence politique et du fatalisme de la société russe ». Il s’était aussi cousu les lèvres en soutien aux Pussy Riot. Toujours d’après Le Monde, l’artiste a été interné à plusieurs reprises en asile psychiatrique sans qu’aucune expertise ne l’ait jamais déclaré fou. Pourtant, c’est pour une procédure judiciaire pour agression sexuelle sur une jeune actrice que l’artiste quitte la Russie. Des faits que Pavlenski a toujours contesté et qu’il considère comme une persécution politique de la part de l’État.
Le traitement de ce cas précis d’incendie volontaire par l’artiste sera évidemment scruté par le gouvernement russe, la France qui avait pris la décision d’accueillir l’artiste comme réfugié politique, doit maintenant faire face aux actions de cet opposant sur son propre territoire et devra trouver la balance entre sévérité et tolérance afin de ne pas être taxé de laxisme ni de répression…
Source Le Monde.fr
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