Ce matin, un disque et un morceau qui risquent bien de vous faire pleurer. Mais des larmes qui font du bien, et qui naissent de ce qu’on ressent face aux belles choses.
Il y a 16 ans sortait le disque “The Greatest“ de Cat Power.
The Greatest, les bilingues d’entre-vous ont pu croire qu’il s’agissait d’un best of, d’une compilation de meilleurs morceaux – mais loin de là. C’est un album original de Chan Marshall – aka Cat Power, chanteuse, compositrice et penseuse d’une chanson américaine – qui s’enracine dans la folk, le blues et le grunge.
Elle a appris seule la guitare, en suivant les conseils et les méthodes de ses icônes – Sonic Youth par exemple, qui l’ont guidée quand elle commençait, et puis elle a suivi un chemin qui ne ressemble qu’au sien. Depuis qu’elle est toute jeune, depuis 1996, elle sort des albums qui racontent à chaque fois des choses intimes et vécues. Et qui musicalement évoluent avec ses intuitions du moment.
Elle chante – frontalement ou indirectement – des expériences qu’elle vit à travers les Etats-Unis, pendant des retraites spirituelles ou à l’occasion de road trips à travers le monde. Si pour certains la musique est une occupation artistique, chez Cat Power c’est du sérieux, de l’instinct, du vécu. Dans ses disques elle met toute sa vie, qui n’a pas toujours été simple.
Et sur celui-ci, qui est d’une grande douceur, c’est la violence de ce qu’elle vit à cette époque qu’elle tente pourtant d’exorciser. On l’a compris plus tard – notamment grâce à des interviews récentes à l’occasion de la sortie de son nouvel album – mais Cat Power a composé ce disque alors qu’elle était prise dans des addictions, dans une relation toxique, dans une spirale autodestructrice.
Après The Greatest, la musicienne ira en cure de désintoxication. Mais d’abord, elle sort ce disque qui fera sa renommée, qui captivera un grand public – et décevra peut-être quelques fans de la première heure. Elle y parle de luttes avec délicatesse, elle chante ses cicatrices avec pudeur, on la pense joyeuse alors qu’elle essaie de s’imposer une discipline du bonheur.
Notamment sur le premier morceau “The Greatest“, qu’elle dédie à Mohamed Ali que l’on surnommait ainsi. Le morceau titre, qui ouvre l’album, qui met la barre extrêmement haute peut-être mais qui est fort marquant.