Le vrai art pop est anglais !
L’histoire des Who, qui s’étale sur six décennies, est exemplaire et un peu effrayante, car ils furent les dépositaires absolus de la British Invasion, des Mods, de la pop originale et totalement anglaise.
Oubliez les Beatles dans l’Olympe et les Stones dans le Blues, et sachez que les grands représentants du son des sixties furent aussi et surtout les Kinks, Small Faces, Yardbirds, Pretty Things, Animals…
Les vrais « Lads » anglais
Ainsi, sur une ligne très Arty et Mode, les Who n’allèrent pas vivre aux US ni aux Bahamas, ils restèrent de vrais « Lads » anglais, malgré des chiffres ahurissants et d’énormes tournées mondiales et américaines.
Au passage, ils réinventèrent le pop rock anglais, mais aussi le punk. Strident, speedé et destructeur, puis l’Opéra Rock (Tommy et Quadrophenia) et enfin le Hard Rock, avec leurs « Power Chords » !!! (et 50 0000 watts de murs d’amplis Marshall, sur mesure !)
Même leurs managers historiques Chris Stamp (frère de Terence, l’acteur) et Kit Lambert (fils du chef d’orchestre Constant Lambert) furent anglais jusqu’au bout des ongles et poussèrent les Who vers la meilleure direction : l’art et le style, puisque Londres dominait la culture des années 60…avec en prime agressivité et destruction de matériel !!!
Famille Adams
Quand aux quatre lutins, ils étaient la pure Famille Adams du Rock : Pete Townshend, ultra-créatif, auteur-compositeur lead guitar, casseurs de guitares et d’amplis, angoissé et insatisfait… John Entwistle, le bassiste le plus énorme et bruyant, impassible pilier, mais ultra-cynique et provocateur… Roger Daltrey, le charismatique chanteur acteur interprète, viril et direct… et enfin le terrible Keith Moon, batteur explosif, trublion excité et suicidaire, mort à 32 ans d’épuisement.
On reste pantois devant la quantité de morceaux, de thèmes, d’idées, de scénarios, de révolutions marketing et, passant de la frénésie électrique et sonique, à des envolées romantiques, des dérives poétiques, des clips, des tenues et des looks, des scénographies qu’ils ont imaginé…
Comme tous ces groupes de rock, ils ont été escroqués, volés, exploités comme des bêtes de somme, ils se sont battus entre eux, fâchés, éloignés, mais ils sont restés soudés envers et contre tout, et fidèles à leurs amis, faisant équipe avec des membres de tous les autres groupes, dès qu’une occasion se présentait.
Leurs compositions (« My Generation », « Substitute » etc.) sont des hymnes ineffaçables du Rock, leurs concept albums, leurs opéras, mais aussi l’utilisation de larsens, de son énorme, de destruction sur scène et de boucles de synthétiseurs les ont placé en tête de l’inspiration British Mods, et donné lieu à un revival permanent. Même les Punks ont reconnu en eux leurs Godfathers.
Locomotive
Leurs aventures regorgent de coups de théâtre, de trouvailles, d’énormités typiques du cyclone 1964-1974 : ils furent une locomotive pour de nombreux groupes et leurs tubes objets de reprises. Leur son inimitable, puissant, haché de « breaks », de riffs inattendus (Pete Townshend écoutait Purcell mais aussi Wagner). Ils ont brisé le conformisme des sixties, puis occupé une place centrale pendant 15 années …d’évènements marquants par leurs performances.
La réinvention du Rock, puis de toutes les étapes : Mod, Psyché, Prog, Hard, Punk, Opera, Électro… Une mine d’avant gardes successives ! Les Who ont posé des bases de la culture encore en vigueur…
The Who. Getting in tune. Par jean Sylvain Cabot. Éditions Le Mot et Le Reste. 390 pages. 25 euros (+ images de toutes les pochettes en vignettes N et B) la biographie COMPLÈTE des Who !
The Who. Tommy. Live at the royal Albert hall (2017), Eagle Rock Entertainment. DVD ou Blue Ray. Double CD. Triple LP (vinyle), 143 mn, son Dolby stéréo (unique interprétation sur scène de Tommy en entier ! au profit du Teenage cancer trust).
Visuel : (c) Le Mot et le Reste