Elles s’appellent, pêle-mêle, Hélène Myre, Anémone Flavien, Tébaïre Jade, Clémence Maïeul. Toutes rassemblées sous le signe du O, qui ne suffit bien sûr pas à les qualifier. Elles sont les héroïnes d’un roman culte, un manifeste (un « féminaire ») de résistance mystique et sororale, plein de créatures de rites d’histoires de parfums de couleurs rouges bleues orange, et de tournures qui marquent l’imaginaire. Tout comme son titre, d’ailleurs ; un néologisme qui interpelle dès le premier coup d’oeil : Les Guérillères.
Un livre écrit par la militante féministe, lesbienne, théoricienne de la pensée straight, Monique Wittig à la fin des années soixante, une fusée de mots envoyée comme un repère, à laquelle plus d’un.e s’est référé pour défricher ensuite des coordonnées secondes ; on peut citer notamment, ces dernières années, Chloé Delaume, Virginie Despentes, Bertrand Mandico, Alice Zeniter ou l’Après Viendra le Temps du Feu de Wendy Delorme. Mais aussi la chorégraphe madrilène Marta Izquierdo Muñoz.
Fondant sa pièce sur ce vade-mecum de merveilleux littéraire – tantôt épique, utopique ou érotique – et de combat féministe, la metteuse en scène espagnole fait résonner le texte avec des afféteries flashy comme des expériences vécues dans la jungle colombienne ou auprès des cheikhat marocaines – sujet d’une précédente pièce, Admirando la cheikha en 2015. Guérillères se nourrit aussi de références pop nombreuses, brassant un corpus hétéroclite allant des marges aux classiques, farfouillant du côté du Planète Terreur de Rodriguez (et sa go-go danseuse unijambiste d’héroïne, arborant une mitrailleuse en guise de prothèse) ou le mythe des Amazones réfracté par les comics (Wonder Woman) et le jeu vidéo.
Incarnant l’un de ces trois guérillères, auprès d’Adeline Fontaine et d’Éric Martin (un homme, mais oui, pour « montrer que le ‘féminin’ ne concerne pas seulement les femmes cis-genre » et « s’affranchir d’une binarité sexuelle, de certains codes assignés au genre » dans le questionnement de celui-ci), Marta Izquierdo Muñoz propulse l’héritage libertaire de la movida dans ses mouvements scéniques, ces rituels, réunions et autres symposiums légendaires, accomplis dans un environnement fictif, fluo, à l’éclatante artificialité – ce qui n’exclut pas, ça va de soi, des réflexions avec le réel.
La Radio Nova vous offre des tickets ; pour les rafler, rien de plus simple, il suffit de saisir ci-dessous le mot de passe Nova Aime, et ensuite, de croiser index et médius avant le verdict.
Guérillères, de Marta Izquierdo Muñoz, le mardi 29 mars à 20h @ Manufacture CDCN (Bordeaux).