Sauna chaud, techno froide.
Le cube de bois de deux mètres sur deux mètres est installé au milieu de la bibliothèque de l’ancienne fac dentaire de Rennes. À l’intérieur : de la techno à écouter par 70 degrés. Montré pour la troisième fois en public, le projet Kiuaskivi, un sauna techno conçu par le collectif parisien Wonder, s’était installé à Rennes pour trois semaines, avant d’être démonté dimanche dernier.
Le concept est simple : en boîte de nuit, on meurt de chaud comme dans un sauna, alors autant pousser l’expérience d’écoute jusqu’à son extrême et finir en nage. La direction artistique a été confiée au collectif rennais, Le Bon Accueil, qui invite DJ et labels à mixer en live.
Avec Théo, Camille et Sulivan de l’équipe de Radio Nova, nous avons donc profité d’un passage dans la capitale bretonne à l’occasion des Bars en Trans (le off des Transmusicales) pour fuir quelques instants l’humidité du pavé armoricain, pousser la porte du sauna techno et soigner notre rhume naissant à grands coups de sub et d’infra-basses. Nous voici donc à l’Hôtel Pasteur, ancienne faculté dentaire rennaise transformée en lieu de création artistique. Le bâtiment, qui ressemble fortement à un squat, propose des expositions en entrée libre dans tout le bâtiment.
Lumière rouge et mixe en direct
Au deuxième étage, l’ancienne bibliothèque est remplie d’une lumière rouge. Les serviettes étendues sur les étagères vides donnent un cachet tout particulier à la salle dont le plafond tombe en semi-ruine. Assis au fond, Damien, directeur du Bon Accueil, mix en direct un set d’ambiant et de drone musique, diffusé à l’intérieur du sauna, dont on ne sent de l’extérieur que l’intensité des vibrations.
On se glisse alors derrière les rideaux de l’ancienne B.U. pour enfiler notre plus beau maillot de bain. Et l’on s’installe sur les bancs du sauna, qui ont eu la journée pour chauffer. À l’intérieur, le thermomètre tape dans les 70°c. Le son commence à nous entourer. Aux quatre coins du plafond, des transducteurs qui transforment les parois en bois du sauna en membranes de haut-parleur. Le son passe directement par la structure qui vibre au rythme des basses.
Première sensation, forcément, on a très chaud. Le set commence par du field recording tout en douceur. On nous prend la main et on se laisse porter. On s’endormirait presque, saisis par la torpeur de ce club d’un drôle de genre. Les gouttes de sueur commencent à perler et la musique qui dérive vers le drone commence à tout faire trembler autour de nous.
Une expérience plus sensorielle qu’auditive
Camille raconte son expérience : « à un moment, je pense que j’étais un peu dans les vapes, j’ai fermé les yeux, j’avais la vision un peu trouble, j’avais l’impression que ce que je voyais vibrait en même temps que la musique. »
Pour Sulivan, notre réalisateur son : « le système son ne retranscrit pas hyper bien le son et les fréquences hautes, on sent notre corps vibrer avec les fréquences basses mais il n’y a pas de précision dans l’écoute de la musique. C’est une expérience plus sensorielle qu’auditive ».
L’expérience aura duré une vingtaine de minutes. En ressortant du sauna, l’équipe est sonnée mais détendue. C’était intense. Conclusion de Théo : « On est complètement sobre, le corps est sain, mais ça fait énormément d’effet. »