Alex Masson est allé à la rencontre de Kiro Russo pour la sortie de son nouveau film.
Le Grand Mouvement porte incroyablement bien son titre. D’abord dans son récit, celui d’un mineur bolivien débarqué à La Paz pour retrouver son emploi, mais qui se retrouve atteint d’une mystérieuse maladie qu’il va aller soigner dans la jungle avec un chamane. Ensuite dans sa forme, le film de Kiro Russo alterne sans cesse regard sur l’intime d’un homme et celui sur le grondement collectif d’une métropole. Produisant une sorte de dantesque symphonie urbaine où la capitale bolivienne prend vie comme un personnage à part entière.
Le grand mouvement ne se disperse pas pour autant dans un cinéma expérimental et ne perd jamais de vue son idée, limpide, du capitalisme comme virus et maladie gagnant aujourd’hui jusqu’aux corps. Il y propose comme remède une fièvre de l’imaginaire, des spasmes de cinéma dingo en guise d’acte de résistance politique et culturelle : décloisonnant le documentaire et la fiction, voici une impressionnante rêverie chamanique pour espérer sortir du cauchemar social.