Une belle leçon d’humilité qui pourrait inspirer plus d’une personnalité politique
On pourrait décrire Shuggie Otis comme un musicien sauvage parce qu’il détestait tout ce qui avait trait au star system dans la musique. C’est un musicien et guitariste qui est né bercé par le succès de son père, Johnny Otis, compositeur et chef d’orchestre ultra réputé, un des parrains du rhythm & blues qui recevait chez lui des pointures de la musique.
Shuggie commence d’abord par vouloir imiter son père. Il se saisit d’une guitare dès l’âge de deux ans. Il se met à composer quelques années plus tard, atterrit sur les disques du paternel, avant de sortir un premier album de soul psyché alors qu’il n’a même pas 18 ans. Un premier disque qui plaît très vite.
Shuggie a un monde à lui, un langage et un phrasé qui ne ressemblent à ceux de personne d’autre. Il est un original, avec un goût prononcé pour les expérimentations sonores perchées. Il se fait vite remarquer par d’autres grands musiciens, Frank Zappa, David Bowie ou même les Rolling Stones, qui veulent travailler avec lui. Notamment après la sortie en 1973 de l’album Inspiration Information, son chef-d’œuvre dans lequel il repousse les limites de l’introspection, du psychédélisme et l’utilisation de boite à rythme.
Oui mais voilà, tout ça fait peur à Shuggie Otis. Il est déçu que ce disque ne rencontre pas l’immense commercial qu’il espérait. Il est écrasé par la figure paternelle et il a peur de tout ce qui peut aller avec la célébrité. Alors à 21 ans, il prend sa retraite et quitte la scène, il s’efface, ne sort plus de disque. Et s’il collabore sur quelques projets il ne chantera plus jamais rien.
Et pourtant, malgré cette discrétion, personne aujourd’hui ne doute du talent de Shuggie Otis. Et ça fait parfois du bien un peu d’humilité.