Le texte de loi sur la sécurité publique vient d’entrer en vigueur.
La lutte anti-terroriste continue de modifier le visage des lois sécuritaires en France. Un décret voté dans le texte de loi « sur la sécurité publique » en mars dernier est entré en vigueur ce 1er janvier. Il autorise, dans certaines circonstances, des agents de sécurité privée à porter une arme, lorsqu’ils « assurent la protection d’une personne exposée à des risques exceptionnels ». Cette arme peut être une matraque, une bombe lacrymogène, ou même une arme de poing, sous réserve d’une autorisation préfectorale, et s’ils sont exposés à « un risque exceptionnel d’atteinte à leur vie ». Un agent protégeant un média ou une enceinte sportive par exemple, pourra faire valoir le risque d’attaque terroriste pour s’équiper d’une arme.
On avait déjà beaucoup parlé de ce texte de loi lors de son passage au Parlement, car il assouplit également les règles de légitime défense qui s’appliquent aux policiers, les autorisant à tirer au cas où ils se sentent menacés. Un droit auparavant réservé uniquement aux militaires, dont les gendarmes. Selon le ministère de l’Intérieur, le risque terroriste justifie entièrement ces modifications du droit français.
Dans Le Monde, Claude Tarlet, porte-parole du Syndicat national des entreprises de sécurité réplique que les conditions du port d’arme sont « draconiennes ». « Il faut mettre fin au fantasme selon lequel les 170 000 agents de sécurité privée seront armés. On table sur 1 000 à 2 000 personnes », justifie-t-il.
L’agression de deux gendarmes à Champigny ce week-end renforce les revendications des forces de l’ordre et des services de sécurité, qui demandent depuis longtemps ces assouplissements sur le port et l’utilisation des armes. Face à eux pourtant, ONG, associations et familles de victimes de violences policières continuent de tirer la sonnette d’alarme sur le risque de bavures, et sur l’impunité des forces de l’ordre. En mai dernier, une enquête de Streetpress recensait 47 décès liés aux violences policières au cours des dix dernières années. Aucun policier ou gendarme n’a été incarcéré pour ces faits.
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