Chaque jour, Radio Nova met un coup de projecteur sur un titre. Aujourd’hui : « Sweetheart. Sweethard. Sweetodd » de Black Star.
Comment revenir, 24 ans après un premier album légendaire (Mos Def & Talib Kweli are Black Star, 1998) et après autant d’années de pause, avec un album à la hauteur du précédent ? Comment rester au niveau, lorsque tant d’années sont passées, dans un genre, dominé par une jeunesse toujours plus novatrice ?
Mos Def (devenu entre-temps Yasiin Bey) et Talib Kweli ont tenté, depuis des années, de tempérer les attentes, nombreuses, qui entouraient le projet et la possibilité d’une reformation. Black Star devait, un jour ou l’autre, revenir, mais cela devait prendre du temps. Annulation du projet à plusieurs reprises, désaccords artistiques, album finalement rendu disponible uniquement sur la plateforme de podcasts Luminary… beaucoup de pression a priori pas toujours très bien gérée, et finalement, une libération pour ce duo qui s’était formé, dans les années 90, dans un Brooklyn qui n’a sans doute plus rien à voir aujourd’hui avec ce qu’il était il y a plus de deux décennies.
Ce mardi 3 mai, ce si convoité second album – No Fear Of Time, qui porte bien son nom ! – est enfin arrivé entre nos mains. Neuf titres enregistrés dans différentes chambres d’hôtel à travers le monde, trente-trois minutes de disques, deux invités (Yummy Bingham et le rappeur Black Thought de The Roots) et à la baguette, une autre légende : le producteur Madlib.
Le premier constat est rassurant : le duo Mos Def x Talib Kweli fonctionne toujours aussi bien ! L’alchimie ne s’est pas évaporée dans les couloirs du temps, Talib Kweli débite des rimes aussi complexes qu’hier comme s’il avait encore quelque chose à prouver, quant Yasiin, lui, conserve cette faculté à développer un flow à moitié chanté, calme, ésotérique.
Cette pléthore de talents est magnifiée sur le délicat « Sweetheart. Sweethard. Sweetodd. », morceau qui sample la soul délicieuse du titre « Let Us » de The Edge of Daybreak. No Fear of Time s’impose comme un indispensable de cette année rap, déjà bien garnie de très bons disques. Allez, par ici.