Le producteur français est parti en expédition. Il revient les mains pleines.
En 2014, le Français Romain De La Haye (aka Molécule), aventurier réel, embarquait sur un chalutier visiter les mers de l’Atlantique Nord, dont il envisageait de capter l’intensité, la rage, le silence, la fureur, la vie d’un espace où réside surtout le rien, et l’eau plein de glace, à perte de vue. Parti des environs de Saint-Malo, jusqu’à l’extrémité du monde, il narrait les résultats de cette expédition maritime et sonore sur un disque, 60° 43 Nord (paru chez le très libre label Mille Feuilles, qu’il a créé), mêlant ainsi field recordings et musique électronique (techno et electronica surtout). Un album unique, des lives intenses pour le défendre, et la volonté, surtout, de très vite repartir, à la découverte de ces parties du monde inaccessible pour le commun.
L’an dernier, désormais familiarisé avec cet exercice périlleux, Romain De La Haye a donc pris le chemin du Groenland, poussant encore plus loin l’expérience de 60° 43 Nord. Molécule : « J’ai passé cinq semaines dans l’est du Groenland en plein hiver 2017, dans un petit village de chasseurs, totalement isolé du reste du monde. J’ai vécu là parmi 80 personnes et 300 chiens de traîneau, avec à peu près quatre heures de lumière du soleil par jour. La seule idée que j’avais avant mon départ était la volonté de composer avec le silence. J’ai passé mes journées à enregistrer les sons de mon environnement : le souffle de la banquise, les craquements des icebergs, les hurlements des chiens de traîneau, le silence polaire… Pendant les nuits, dans une petite maison que j’ai transformé en studio de musique, j’ai utilisé ces sons pour créer la musique de l’album -22,7°C. »
Cette ambiance, pesante et reposante, rare et miraculeuse pour un Occidental du XXIe siècle, Molécule la retranscrira donc sur un nouveau disque à paraître très bientôt (le 16 février), et nous donne, déjà, quelques indices rendant compte de l’ampleur de ce travail-là. Un premier clip, « Sila » (l’idée de « nature » ou « d’esprit » en Groenlandais) était déjà sorti en octobre, alors que sort aujourd’hui (en exclu sur Nova) celui d’ « Âriâ », transcrit, visuellement parlant, par le regard psychédélique et abstrait du vidéaste Morgan Beringer. Une vidéo à voir, avant le grand arrivage du 16 février, et un live que Molécule donnera notamment à l’Elysée Montmartre, le 8 mars.
Visuel : (c) capture d’écran du clip