Des albums, il en sort désormais 2520 par semaine (chiffre approximatif). Pour vous aider à faire le tri, voici la sélection hebdo de Radio Nova des albums à ne pas louper.
Sly Johnson, 55.4
Un ancien membre du Saïan Supa Crew devenu chanteur de soul ? Tout arrive et même le nouvel album de cet ancien rappeur et beatboxer du groupe qui fit de la vie de toutes les Angela du monde un calvaire. Pour Slye Johnson, un premier album était paru il y a dix piges (74), suivi de deux autres qui avaient confirmé la voix intensément soul de ce artiste dont la musique se balade, selon les humeurs, entre soul (ok, compris), hip-hop, funk et jazz. Ce disque-là a été composé durant les 55 jours du confinement lié à vous savez quoi. Il s’écoute comme ces jours où vous vous retrouvez à devoir écouter un bon copain se lancer dans des tergiversations existentielles que vous ne vous attendiez pas à trouver (à la base, vous étiez venus boire un verre), sauf que cette fois, vous les écoutez avec passion et les larmes au cœur, ces lamentations.
Ravyn Lenae, HYPNOS
Introspection toujours, mais du côté de Chicago cette fois, où la jeune chanteuse Ravyn Lenae — si on calcule bien, elle doit avoir 21, 22 ans — affole les branché.es avec son R&B qui sonne pop, groovy, doucement électronique au sein d’un album, Hypnos, qui plonge lui aussi à l’intérieur du labyrinthe sinueux des émotions que l’on peut chantonner à défaut de les assumer plus nettement. Sur le divan, à ses côtés : Steve Lacy et Kaytranada, de bons potes avec qui il est sans doute, compte tenu du talent de ces deux-là, de bosser. « Cette chanson met en évidence la beauté de permettre à quelqu’un de nous découvrir sincèrement« , disait-il à propos du morceau « Light Me Up » et nous réutilisons cette citation, car il paraît difficile de mieux résumer les intentions de cette jeune américaine qu’avec ces mots-là. En Thérapie, saison 3.
Mychelle, Closure/Someone Who Know
Oui, on vous voit venir, on vous entend mijoter dans votre petite barbe de trois jours. « Ben alors Nova, on est en mode âme sensible cette semaine ?« . Ouais, on va rien vous cacher, c’est le cas. Quand on fait le compte, ça fait trois disques (sur trois, bon ratio) qui sonnent R&B triste, soul pleureuse, mais que voulez-vous, le Printemps est la saison des amours et la Radio Nova a un cœur, comme vous et peut-être comme votre voisin. Alors vive le Printemps et le trop-plein de guimauve et plongeons encore un peu dans les émotions exprimées pleinement avec ce disque porté par une voix fabuleuse, celle de Mychelle, jeune Londonienne qui nous fait groover en nous racontant ses histoires de peines, de joies, d’espoirs, de vie, sur deux EP (Closure, sorti le 7 mai et Someone who know, qui sort aujourd’hui) regroupés sur un seul (magie, ça fait un LP). « Elle synthétise le personnel et la poésie », dit une bio Bandcamp qui connaît sans doute Mychelle plus intimement que nous, bien que sa musique la soit follement, intime. Et à la lecture de ces mots, cette question : mais pourquoi, diantre, a-t-on besoin d’ajouter des mots à ceux qui existent déjà ?
Prendy, AWAY AWAY
Allez, on se ressaisit. Il y a quelques semaines, nous avions accueilli sur les toits de la Radio Nova, pour une session aussi perchée que sympa, un ovni comme on les aime ici. Il s’agit de Prendy, un artiste qui écoute Clinton Fearon, CHATON ou Benny Sings et qui fréquente Biga* Ranx depuis qu’une collaboration a amené cet autodidacte, auteur, compositeur et interprète sur des morceaux du patron du dub digital à la française. Prendy on l’aime bien, on joue sa musique sur Radio Nova depuis le titre « Tomorrow », vapor wave à souhait et planant comme cette mouette qui, lors de la session précédemment évoquée, avait voulu faire un câlin chaleureux au drone utilisé pour capter cet instant forcément très aérien. Bon, on vous dit ça, mais ce n’est pas le plus intéressant : Prendy sort son album AWAY AWAY et celui-ci est très bien nommé car, pour sûr, il vous emmènera LOIN, LOIN, vraiment LOIN.
John Rocca, Once upon a time in New York
Avec Prendy, on est parti tellement loin qu’on a atterri ailleurs, dans un autre lieu, dans un autre temps. À une époque, le milieu des années 80, où il était encore légitime d’employer le mot underground lorsqu’on parlait de musique club. À New York, puis ailleurs (globalement, il s’agit de territoires anglo-saxons) le groupe FREEEZ et son porte-étendard John Rocca (on dit porte-étendard pour ne pas dire leader) ont contribué à façonner le son de l’électro et de house music. Louie Vega, pas avart en compliment sur ce coup-là, dit même que « le son de John Rocca est devenu nos classiques à New York ». Une compilation, qui sort ce jour, regroupe les productions de Rocca entre 82 et 87. Alors, bon voyage au pays des raves.