En 1976, la création du morceau culte de la culture kabyle.
Le classico de ce dimanche, dans Néo Géo – qui revisite toutes les semaines un morceau culte – traverse la Méditerranée, par l’intermédiaire de Pierre Gastineau qui nous parle du chanteur algérien Idir, et de l’une des plus belles ballades kabyles jamais écrite : « A Vava Inouva ». Sortie en 1976, cette chanson très douce inspirée d’un poème de Mohamed Benhamadouche, est l’un des premiers morceaux algériens à avoir fait le tour du monde, lançant par là-même la carrière d’Idir, complètement inconnu avant ça.
Et si on revisite aujourd’hui ce standard-là, c’est qu’Idir, icône de la chanson kabyle, fait cette année son grand retour sur scène en Algérie, après quarante ans sans concerts dans son pays. Sa chanson fétiche, « A Vava Inouva », est une berceuse qui inventa, quasiment à elle seule, ce que l’on appela le « folk berbère ». En 1976, elle incarnait un hommage à la culture orale de la Kabylie, région montagneuse des Berbères algériens, et devint rapidement un hymne à la culture et à l’identité kabyle, qui se trouve alors opprimée dans une Algérie toute récemment indépendante et qui exulte alors le Panarabisme et l’Arabité, et ce, bien sûr, aux dépens des Berbères, pourtant nombreux dans le pays.
Cette chanson-là, elle sera encore entendue lors des Manifestations berbères de l’année 1980, manifestations, durement réprimée par le régime, qui interviennent dans toute la Kabylie en réaction à la politique d’Arabisation d’Alger. Quarante ans après, en 2018, l’Algérie a bien changé, et la culture berbère se fait de plus en plus accepter par les autorités (la langue berbère est par exemple officiellement reconnue comme langue nationale en 2016 par le président Abdelaziz Bouteflika). Idir, grand défenseur de la cause des Kabyles, peut ainsi revenir au pays, chanter de nouveau son hymne, « A Vava Inouva », interprété aux côtés de la chanteuse Mila.
À réécouter : le Néo Géo du dimanche 25 février, en intégralité.
Visuel : (c) Getty Images / David Wolff – Patrick