Après un mois de juin qui les a vu accueillir Antibalas, Quelle Chris ou Lumer, le festival Relâche maintient la pression, tant en quantité qu’en qualité, pendant un mois de juillet sur le qui-vive. Après des premiers ébrouements très blues au Jardin Public, le 6 juillet, où le fougueux Jamiah Rogers et le vieux briscard Zac Harmon sortiront leurs meilleurs jeux de cordes, de jambes, de scène, c’est au Square Dom Bedos que tout se passera.
Du 11 au 17 juillet, cinq soirs de concerts sont calés dans l’agenda, où toutes les obédiences musicales auront leur part réservée. Vous n’aimez rien moins que les grésillements de la fuzz, le garage-rock bottine au plancher ? Cochez donc la case du 13 juillet, où les BellRays (« une bombe, le parfait croisement de la Tina Turner des débuts et du MC5 » dixit Martial « Total Heaven » Solis, qui nous en parlait ici), le tranchant argentin de Capsula et le bataillon de Fuzzy Vox feront décoller la facture EDF.
Vous préférez la soul, ses cuivres reluisants, ses balancements et ses raucités plus enjôleuses ? Guettez le local de l’étape Alexis Evans ou encore la double prestation du Delvon Lamarr Organ Trio, formation de Seattle où l’usage du clavier Hammond est tout sauf benoît. Et pour les mordu.es de hip-hop, me direz-vous ? J’y viens, j’y viens : venu d’entre Saône et Rhône, le groove lorgnant sur la G-funk et le rap East Coast de Da Break, avec l’indispensable Bruno « Patchworks » Hovart à la basse, en fera onduler plus d’un.e. Quant à la sono mondiale, le DJ kényane Coco Em vous fera la visite guidée de la house africaine, des différentes pièces à la distribution remuante, du soukous au kwaito, du kuduro à l’afrobeats.
Mais peut-être est-ce la cumbia, la salsa, la timba, les accents latino qui tintent plus formidablement à vos tympans ? Dans ce cas, la venue de Puerto Candelaria, explosive et joyeuse sarabande made in Medellin, ou celle des neuf musiciennes cubaines de l’orquesta MulataSon et leur répertoire incandescent ne devraient pas vous laisser indifférent.e. Surtout si l’on ajoute le passage des canoniques Wembler’s de Iquitos, groupe péruvien fondé en 1968, hérauts de cette cumbia amazonica où les notes psyché voire surf-rock épicent les musiques populaires andines. Un groupe qui connaît bien Relâche et Bordeaux, pour y être déjà passé, deux fois, et pas que pour boulotter des cannelés ; la preuve ci-dessous.
Allez, un dernier nom pour la route – désolé pour celleux qu’on ne pourra citer dans cet article -, un patronyme extrait de la case indie-rock : celui du multi-instrumentiste Kelley Stoltz, qui défendra son tout récent The Stylist. Lui qui a commencé auprès de Jeff Buckley comme stagiaire pour trier les lettres de ses fans a depuis largement dépassé cette anecdote Pôle Emploi pour devenir un titulaire régulier de la scène rock de San Francisco, au même titre qu’un Ty Segall ou un White Fence. Ça navigue chez Jack White, chez John Dwyer, chez Sub Pop : même en second rideau, le Californien maîtrise l’art du placement. Particularité du bonhomme, aussi à l’aise dans le garage lo-fi ou la synthpop cintrée : c’est un zélote d’Echo & The Bunnymen ; sa réinterprétation lo-fi de Crockodials a tellement séduit Ian McCulloch qu’il l’a intronisé, il y a quelques années, parmi ses Hommes-Lapins. Under blue moon, on ira voir Kelley.
Avec tous ces signets mis sur l’agenda, la certitude ne met pas longtemps à apparaître : votre mois de juillet bordelais ne se fera pas sans ce festival gros comme une maison (ou une réflexion intempestive de la turbine Francis).
Festival Relâche #13, depuis le 29 mai et tout l’été @ Bordeaux. Plus d’informations sur relache.fr.